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LA FRANCE JUIVE
cent fois la même chose pour essayer de la graver dans l’esprit frivole de ses lecteurs. Saint-Albin est un gentleman accompli qui n’a qu’une faiblesse, c’est de ne pas vouloir qu’on parle de choses sérieuses dans le Sport : « Gela attristerait nos abonnés, » dit-il. Le baron de Platel, Léon Lavedan, Racot, sont des hommes d’une respectabilité parfaite; ils subissent Wolff parce que ce misérable leur est imposé par les Juifs.
Si un malheureux Chrétien avait fait le quart de ce qu’a fait ce Juif, les Chrétiens n’auraient pas assez d’anathèmes contre lui; les Juifs, au contraire, soutiennent et défendent leur coreligionnaire.
Pour Israël , la littérature de Wolff est un dissolvant précieux.
Il y a des trésors dans cette littérature. Sur un fond resté tudesque et badaud, éclatent des fusées d’orgueil juif , naïf dans son cynisme. Quelle vision que Wolff, remplaçant à lui seul l’ancien tribunal des Maréchaux, juges d’honneur en matière délicate! Les grands cercles l’ont consulté sur le cas de M. de la Panouze, l’époux infortuné de la Juive Heilbronn, et il pèse longuement son verdict. « Il y a forfaiture? Oui et non. Jeune homme, réhabilitez-vous en allant vendre des diamants au Gap avec votre estimable beau-père ! »
Tout ce qu’un homme de bonne compagnie évite ordinairement de toucher est prétexte à Wolff pour se répandre longuement. On n’a pas encore cloué le cercueil de Gabrielle Gautier, qu’il raconte à fond ce faux ménage, qu’il nous dit grossièrement ce que personne ne lui demandait, et qu’il nous apprend que cette morte était la maîtresse d’un Juif moitié cou- lissier, moitié auteur dramatique, du nom d’Ernest Blum.Ce Blum, qui profite de l’occasion pour se faire faire une annonce sur le cadavre de sa compagne, s’élève avec indignation, dans le Rappel, contre les faiblesses d’un Henri IV ou d’un Louis XIV .
Mais c’est Sarah Bernhardt qui inspire Wolfl le plus heureusement. Le chroniqueur du Figaro bénit l’enfant, il bénit l’époux, il bénit la mère, il la compare « à un ange qui a étendu ses ailes sur l’art, » et il ne nous épargne rien sur l’intérieur du ménage Damala. Il ouvre la table de nuit, il étale les draps à la fenêtre avec le clignement d’œil navrant et lubrique à la fois que Gérôme a prêté à un de ses personnages. Quand on lit cela à l’étranger, en trois colonnes de première page, au milieu de peuples qui déjà se partagent nos dépouilles, la nausée vous monte aux lèvres. Comment des hommes, comme ceux dont nous parlons plus haut, ne protestent-ils pas contre ces saletés? Comment ne songent-ils pas que leur journal est