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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

que Edmond Adam . » En quoi était-il chevaleresque? Cest encore un de ces problèmes que nous ne nous chargerons pas de résoudre.

Dans nos vieux chroniqueurs, comme dans Homère du reste, certaines épithètes une fois accolées à un nom ne le quittent plus; elles servent à faire reconnaître et à peindre un personnage. Pour Villehardouin, Conon de Réthune est toujours Conon mu/f bien empariez, Dandolo; le doge aveugle, est toujours le viel homme qui gotte ne veoit. Il en est ainsi dans certains milieux parisiens . De même quAnatole de la Forge est toujours « un galant homme,» même lorsquil approuve quon vole le pain dun pauvre prêtre de quatre- vingts ans, Déroulède est toujours « le patriotique Déroulède , » Delpit « notre sympathique confrère. » Adam était" le chevaleresque Adam. »

Mêlé aux affaires du Comptoir descompte, cet homme chevaleresque ne prouva guère sa chevalerie quen acquérant une fortune énorme, grâce à lexpédition du Mexique . Comment un républicain aussi pur pouvait-il tremper dans ce quon nommait « les hontes impériales? » Il faudrait ne pas connaître le parti pour songer à sen étonner. Cest pour engraisser les Juifs que nos soldats succombent, sous la République , â la lièvre typhoïde en Tunisie , ou au choléra au Tonkin; sous lEmpire, ils succombaient au vomito negro au Mexique ; voilà toute la différence. La masse est dressée à cela d'ailleurs. Un homme dabnégation, un sauve­teur, un serviteur dévoué des déshérités se serait présenté aux élections contre Edmond Adam , que les ouvriers nen auraient pas voulu. Repeuple est toujours dupe du faux démocrate qui le trompe par de belles paroles et qui senrichit à ses dépens; il l'aime, cest sa folie; la France en meurt, cest notre malheur.

Adam entré dans le scheol , sa veuve, qui avait mis une espèce d'auréole autour de cette nullité fùtée seulement pour ses intérêts, songea à sauréoler elle-même. Robert de Honnières nous la montrée faisant des incantations à Gambettaet lui annonçant que tous les trèfles étaient sortis, ce qui est, comme on sait, signe dargent. Cest par quellé prit tous ces athées, supertitieux au fond comme des Cafres ; elle fut comme une sorte de Cailhava plus jeune et se posa dans le parti en disant la bonne aventure à des gens qui n'avaient pas de destinée.

Elle était vraiment belle alors; elle avait une manière de salon, ce qui ravissait tous ces bohèmes qui navaient jamais été quà lestaminet. Elle apparaissait à toute cette Juiverie triomphante avec des airs de reine de Saba. Si elle navait pas, comme la charmeresse de Flaubert , « une robe de brocart divisée régulièrement par des falbalas de perles, de jais et de saphirs, rehaussée dapplications de couleur qui représentaient les douze