Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
640
Einzelbild herunterladen

640

LA FRANCE JUIVE

Devant lindifférence des peuples et des cabinets, M me Adam se replia sur elle-même. Le bas bleu prévalut sur la reine : or le bas bleu chez M mo Adam na jamais été quen coton. Ce nest ni Corinne, ni Sapho, ni Lélia, ce nest pas même Olympe Audouard . Cette Muse, en réalité, est bien départementale ; il y a chez la Turcarette, qua peinte Barbey dAuré- villy, comme un souvenir de lHermance Lesguillon, la femme de lettres de 1830, portant des soques et un parapluie pour en frapper les barbares qui demeuraient froids devant sa prose.

Après avoir rêvé de gouverner lEurope, la directrice dune Revue, quon lit le moins quon peut, en est réduite à essayer leffet de ses manuscrits sur un petit cercle dinvités, faux romanciers, faux poètes, faux savants, que les satisfactions de lestomac ont préparés aux indulgences de lesprit; elle a, pour eux, maison de ville pour lhiver, et maison des champs pour lété. Blanche de Castille a fondé labbaye des Yaux-de-Cernay pour que M m8 Nathaniel de Kothschild pût lacheter avec notre argent et y vivre commodément. Jignore quelle autre souveraine a bâti labbaye de Gif, M 100 Adam, en joyeuse boulangère, fait danser les écus de lEmprunt mexicain. Ce qui est certain, cest quon y est fort bien. On prend les invités à domicile, on les transporte en mail-coach, on les abreuve et on les nourrit; le soir on les ramène après avoir enregistré leurs noms au complet, afin de les faire figurer dans les journaux du lendemain. La chronique dit même quau départ on remet, à ceux que Païenne a émus, la pièce ronde pour aller chez Mélissandre.

Quelle sera la lin? Javoue quelle minquiète un peu. Il y a comme une marque, non point tragique, mais malheureuse, sur cette femme envers laquelle la Fortune semble avoir épuisé ses sourires, et je nai pu,à maintes reprises, me défendre de cette impression pénible. Peut-être verrons-nous M mo Adam, à quelque cinquième étage de la rue Coquenard, faisant encore le grand jeu et proposant à lAbeille de Lonjumeau quelque roman dont ce journal ne voudra pas...

On comprend devant ces spectacles la mélancolique parole de de Leu- ven :

Cest bien ennuyeux de mourir, disait-il, mais je men console presque, en pensant que je nentendrai plus parler ni de Sarah llernhardt, ni du grand Français !

Comment se fait-il que M. de Lessepsne comprenne pas quil déshonore une vie qui a été belle et laborieuse, somme toute, par ce saltimbanquisme effréné? Pourquoi mêler ses enfants à toutes ces réclames financières,