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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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On leur dit :

« Cest donc faire un bon usage de son talent que de raconter, avec toutes sortes de détails croustillants, lhistoire, du reste bien juive encore, dune mère qui vend sa progéniture, comme M me Cardinal, dun père qui vit dans laisance aux dépens de lamant de sa fille ? Cest donc cette littérature que vous proposez comme exemple aux jeunes gens? »

Ils imitent les vieillards vénérables quon surprend juste au sortir du mauvais lieu, et qui, un peu essoufflés par lexercice auquel ils viennent de se livrer, attendent quelques instants avant davoir repris, avec leur haleine, lattitude des grands jours officiels ou des assemblées de famille.

Puis ils se décident à murmurer : « Oui, monsieur, lAcadémie est un grand corps, nous aimons la tenue, nous demandons des œuvres qui exci­tent le patriotisme, qui élèvent les cœurs : Sursum corda! »

Comme exemple de Sursum corda! il faut rappeler ce qui sest passé au moment des funérailles de Victor Hugo . Rien ne montre mieux labaisse­ment dans lequel lAcadémie est tombée. Cétait M. Maxime du Camp qui, en qualité de directeur en exercice, devait se charger du discours dusage et il convient de dire que, très résolu à ne pas reculer, il prépara immédia­tement son discours en disant quil le prononcerait avec deux revolvers dans sa poche. Le discours, ajoutons-le, était un éloge complet du poète que M. Maxime du Camp admire plus que personne.

LAcadémie, le premier corps littéraire de France , saffola devant les menaces de quelques feuilles de chou écarlates, et, dérogeant à tous les usages, elle retira à M. Maxime du Camp le droit de porter la parole en son nom.

Ce fut M. Émile Augier quon désigna; on navait pas à craindre avec lui de déplaire à la plèbe. Ancien parasite du prince Napoléon, ennemi de Victor Hugo quand il était proscrit, insulteur de Veuillot quand il navait plus de journal pour lui repondre, il se consola de ne pas avoir à demander, comme les sénateurs de lancienne Rome , la mise au rang des dieux dun Tibère ou dun Caracalla , en étouffant, sous des louanges qui sonnaient faux, le pauvre grand génie que lamour de la popularité avait fait tom­ber de si haut *.

I. Nous retrouvons léternelle race des allranchis, insolents à l'occasion contre le pauvre, contre celui quils croient faible, contre ceux qui refusent de plier le genou devant les idoles, et toujours prêts à entonner les litanies pour le divin Empereur ou le divin Marat .

« Claude Auguste, vous êtes le modèle des freres, des pères, des amis, des sénateurs et des princes (quatre-vingts fois); Claude Auguste, déiivrez-nous dAuréolus (cinq lois), Claude