PARIS JUIF ET LA SOCIETE FRANÇAISE
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Avec un pareil public, les Juifs et les Juives du théâtre ne se gênent pas; ils se conduisent en pays conquis; chacune de leurs fantaisies devient un événement. Paris , au mois de février 1884, a parlé quinze jours de Mm« Fidès-Devriès. De toutes les comédiennes hébraïques, celle-là du reste est la plus agaçante. Elle était à l’Opéra quand, un beau soir, elle s’ennuya en s’apercevant peut-être qu’elle ennuyait ; elle épousa un dentiste juif et quitta le théâtre. Bon débarras pour nous. Vous ne connaissez pas les Juifs; il faut toujours qu’ils dérangent le prochain. Un soir, les baronnes juives annoncèrent mystérieusement le retour de leur coreligionnaire : « Vous savez la grande nouvelle? La toute belle, la toute charmante, la toute divine Devriès va nous revenir 1 » Quel honneur pour nous! dirent les duchesses pour faire leur cour aux baronnes. Les journaux bien stylés annoncèrent le retour, puis le démentirent, puis l’annoncèrent de nouveau.
Après un court passage à l’Opéra, où les Juifs seuls l’applaudirent, M me Fidès-Devriès se décida à aller chanter au Théâtre Italien ; elle consentit, par pur désintéressement, à empocher 68,000 francs pour douze représentations ; puis brusquement le mari se fit remettre subrepticement, « au nom de sa femme, un chèque qu’elle n’avait pas le droit de toucher. » ici, c’est le directeur, M. Maurel, qui parle et je ne fais que répéter ce qu’iï écrivait dans les journaux. Bref, voilà la cantatrice qui va rejoindre le Juif Jules Cohen qui l’attend à la gare de Lyon pour l’emmener à Monte- Carlo, pendant que l’imprésario s’arrache les cheveux, et que l’éditeur Hartmann écrit des lettres étonnantes aux gazettes.
Remarquez le changement qui s’est accompli même dans les mœurs du théâtre. Sans doute les coulisses n’ont jamais été le sanctuaire de la Vertu; mais le bon cœur, l’affection pour les camarades rachetaient bien des choses. Déjazet aurait joué mourante pour ne pas faire perdre un cachet de quarante sous à un figurant. Cette Juive qui vient de toucher une somme fabuleuse pour quelques notes parfois assez fausses, qui, à la seconde représentation d'Hèrodiade , amis le couteau sur la gorge de son directeur pour obtenir un peu plus d’or, ne se demande pas une minute si son départ soudain ne sera pas une ruine pour le théâtre, s’il ne mettra pas sur le pavé tout ce petit monde d’artistes subalternes, d’employés, de gagistes pour qui la fermeture est un désastre.
Ces considérations sont complètement étrangères à tout individu de race sémitique qui compte les autres absolument pour rien. Pourquoi se gênerait-il, encore une fois? Autrefois une artiste qui se serait permis une pareille incartade aurait été reçue à coups de pommes cuites, si elle s’ètait avisée de reparaître devant un public parisien. De nos jours la