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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

tion de Delaunay. Cest un vrai tableau de décadence, mais dune décadence spéciale, d» clamatoire et burlesque.

Comme il arrive à la veille de tous les grands événements, des bruits étranges avaient couru. Delaunay avait mis le marché à la main à la France ; il avait fait annoncer ses dernières représentations. Vous comprenez linquié­tude qui régnait à la Chambre. LAngleterre venait de nous chasser de lEgypte , ce qui avait paru peu de chose; la nouvelle que Delaunay se retirait était autrement grave. Pour comble de malheur, Delaunay, nous apprend le Gaulois , avait prononcé des paroles sinistres. On lui avait entendu murmurer : « On ma dit au 1 er janvier quil fallait attendre Pâques , à Pâques que la distribution des prix nétait pas loin. »

En ces heures oscillantes et perplexes va se décider la destinée du monde, les plus forts se sentent agités. Febvre, cependant, était fort calme; « il se tenait immobile dans son cabinet; Déroulède , plus nerveux, allait de la salle au foyer et du foyer à la salle. »

Voyant son ombre aller et venir sur la toile,

Les cabots, qui croyaient encore à cette étoile,

Accusaient le Destin de lèse-majesté.

Tout à coup Ferry arrive avec le général Pittié, chef de la maison mili­taire du Président delà République , et il dit à Delaunay : « Je vous décore sur le champ de bataille. » Vous apercevez le champ de bataille dici : des pots de rouge et de blanc, une patte de lièvre,des postiches, des perruques et cette odeur spéciale de loges dacteurs faite de parfums rancis, de mixtures pharmaceutiques, de poudre de riz et doppoponax. Vous voyez ce vieux maquillé délayant son rouge en pleurant sur les favoris de Ferry , et le général Pittié au milieu de cette scène, disant ; «Cest égal, quelle leçon pour M. de Moltke ! »

« Bien entendu, dans la salle, M. Bisch. Tsheim rayonnait davoir, en astronome qui aime le progrès, découvert létoile des braves sur la poi­trine dun sociétaire de la Comédie-Française. »

Dans les classes supérieures, lhistrionisme a un caractère tout à fait romain.

Au cirque Molier, des jeunes gens élégants, habillés en clowns, donnent chaque année deux représentations : une pour les femmes du monde, une pour les femmes de tout le monde. Les invitations sont avide­ment recherchées, et les Françaises sont, regardant leurs lils ou leurs