672
LA FRANCE JUIVE
inconnues a Paris . Des hommes mariés vivent en grand nombre du dés* honneur de leurs femmes, surveillent eux-mêmes leurs débauches :
La femme mariée fait son commerce n’importe où, mais toujours loin de son domicile. Dans la journée, elle racole aux gares de chemins de fer, dans les jardins publics, au Lois de Boulogne, et se prostitue dans les cabarets ou hôtels du voisinage.
Le mari la suit à distance, soit pour la prévenir de la présence des agents, qu’il cherche à connaître, soit pour la protéger contre certains clients qui font des difficultés pour payer. Dans ce dernier cas, il intervient en qualité de mari, fait une scène à sa femme et à l’individu qu’il appelle son complice; pour éviter tout scandale, celui-ci donne quelquefois beaucoup plus d’argent que s’il avait payé à la femme le prix convenu d’avance.
Des enfants de douze à quinze ans, corrompus par l’exemple, deviennent apprentis souteneurs.
Certaines filles se font accompagner de jeunes enfants qui assistent aux scènes les plus ignobles. Il y a dans le chapitre intitulé : Enfants en possession de femmes de débauche, des détails qu’il m’est impossible de reproduire.
L’armée des malfaiteurs se recrute parmi les souteneurs. Chaque jour il se forme une bande nouvelle. On dévalise les maisons de la banlieue et des environs de Paris ; Passy, Auteuil , Boulogne, sont à chaque instant visités parles malfaiteurs.
On tire sur les commissaires et les officiers de paix ; tous les soirs les rares gardiens de la paix qui ne pactisent pas avec les malfaiteurs sont obligés de livrer bataille. On assassine en plein midi, au milieu de Paris , sur les ponts, dans le jardin des Tuileries ; au bois de Yincennes, un vieillard est étranglé à quelques pas du concours de tir; sur le boulevard des Capucines, devant le restaurant Hills, on jette un lazzo autour du cou d’un homme pour le dévaliser. On arrête les voitures dans les rues comme jadis sur les grands chemins. Au mois de janvier 1885, une dame revenant de Bordeaux prend un fiacre à la gare d'Orléans , à onze heures du soir ; rue Contrescarpe, trois malfaiteurs sautent à la bride du cheval, et la dame est ■obligée de donner tout ce qu’elle possède.
On tue les voyageurs en wagon, les filles dans leur lit, les marchandes de vin à leur comptoir 1 . La police se croise les bras devant tous ces
1. Voici, d’après les journaux, le bilan d'une semaine de janvier 1886 :
Paris : Assassinat de M“* Laplaigne, marchande de vins, rue Beaubourg ; assassinat de M. Barrême, préfet de l'Eure ; assassinat de Marie Aguétan, rue Caumarlin ; tentative criminelle, 103, rue du Poteau, où le nommé Victor Bocqueteau blesse grièvement à coups de