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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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logeur qui lhéherge au même titre que le propriétaire ; le marchand de vin qui lattire chez lui pour y attirer en même temps les clients, et qui, au besoin, la protège contre les agents; le charbonnier qui lui vend le com­bustible à faux poids; lépicier, le fruitier, la marchande à la toilette, la couturière qui lui font payer les marchandises plus cher quà une autre, jusquà la blanchisseuse qui lui surfait le prix de son repassage (attendu, dit-elle, que la prostituée na pas de mal à gagner son argent), tous ces industriels, à des titres différents, sont en réalité autant de proxénètes qui poussent à la débauche parce que la débauche leur rapporte.

M. Macé adresse rapports sur rapports, demandes sur demandes au préfet de police pour être autorisé à nettoyer Paris ; il se heurte à un refus formel, et il nous en donne la raison *.

La majorité du Conseil municipal est daccord avec les exploiteurs du vice.

Dans certaines élections, ce sont les souteneurs et les repris de justice qui apportent lappoint de voix nécessaires. Le témoignage de M. Macé est très grave sur ce point: « La plupart des souteneurs sont électeurs et votent; avec leur carte ils pénètrent partout. Bon nombre ont, cependant, subi diverses condamnations, ce qui ne les empêche pas de faire usage de leur qualité de citoyens. Tout récemment, des individus arrêtés et ayant des antécédents judiciaires ont été trouvés nantis de leurs cartes délecteurs coupées à lun des angles, indice certain quils en avaient fait usage. »

Les choses se passaient de la même façon pendant la première Révo-

inconsciente du premier âge livre aux entrepreneurs de débauche. Je suis entré successi­vement dans une demi-douzaine de ces brasseries, et partout jai vu le même spectacle répu­gnant. Des femmes amorçant et caressant des collégiens de quinze à dix-huit ans, des êtres pâles, flétris et déjà vieillots ! »

Ah! si nous réussissons à fonder la République ..., disait un jour Eugène Pelletan à

Pontmartin , qui a raconté cette conversation, vous verrez. vous verrez!... son premier

soin, son premier bienfait, sera de moraliser la France !

1. La police, qui a traqué et forcé à disparaître tous ces excentriques innocents, tous ces fantaisistes, tous ces musiciens ambulants qui donnaient à Paris de la couleur et du pittoresque, ne touche pas aux souteneurs ; elle se déclare impuissante vis-à-vis deux, pour ne pas avouer quelle est complice.

Qu'on se rappelle les scènes qui se passèrent au Quartier Latin au mois davril 1883! Quelques étudiants, moins dégénérés que leurs camarades, voulurent accomplir eux-mêmes la besogne dont lautorité refusait de se charger. En une soirée, ils eurent débarrassé le quartier de la population aquatique qui linfestait. Que fît le commissaire de police Schnerb, le Juif allemand, le frère du pornographe Schnerb, qui était alors directeur de la Sûreté? 11 se mit à la tête dune bande de souteneurs et dagents, et se rua sur les étudiants qui, roués de coups, ensanglantés, assommés à coups de casse-tête, durent battre en retraite. En dautres temps, on se fût indigné du cynisme de cette police, faisant cause .commune avec les hommes sans nom qui rançonnent les prostituées. Le sens moral est si complète­ment oblitéré, quon se contenta de rire, et doflrir à Camescasse un cas.-e-tête d honneur îui amusa beaucoup le préfet et le honteux entourage au milieu duquel il vivait.