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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

(Cest alors quil faut changer la tenture verte en rouge.)

A son retour en loge elle crie à la porte : Victoire, Victoire! Le garde en avertit le second surveillant qui le dit au premier; celui-ci informe le grand-nrêtre quon a crié deux fois Victoire! à la porte de la io^.

Le Grand-Prêtre : Faites voir qui a crié ainsi.

R. C'est Judith.

Le Grand-Prêtre : F ailes-la entrer; mes frères et mes sœurs, soyons debout.

Judith est introduite. « Loué soit le Grand-Architecte de l'Univers, qui na point abandonné ceux qui espèrent en lui, qui a accompli par sa servante la miséricorde quil a promise à la nation dIsraël, et qui a tué cette nuit, par ma main, lennemi de son peuple. » Elle lui montre la tête de mort *.

Limage douloureuse de Jérusalem vaincue apparaît donc au premier plan dans lœuvre maçonnique. Cest la Veuve dont les fils dispersés se reconnaissent au bout du monde en criant : « A moi les fils de la Veuve! » Le jour Jérusalem a vu sécrouler sa grandeur passée est un inou­bliable souvenir que les loges prennent soin de rappeler sans cesse.

Dans la cérémonie pour le grade de Ilose-Groix, à cette question : « Quelle heure est-il? » on répondait:

il est la première heure du jour, linstant le voile du Temple se déchira, les ténèbres et la consternation se répandirent sur la surface de la terre, la lumière sobscurcit, les outils de la Maçonnerie se bri­sèrent, létoile flamboyante disparut, la pierre cubique fut brisée, la parole fut perdue.

Rarruel a très bien discerné la signification véritable de ces mots :

Ladepte, écrit-il *, qui a suivi dans la Maçonnerie le progrès de ses découvertes, na pas besoin de nouvelles leçons pour entendre le sens de ses paroles. Il y voit que le jour le mot Jéhovah fut perdu fut précisé­ment celui Jésus-Christ, ce fils de Dieu, mourant pour le salut des hommes, consomma le grand mystère de la religion chrétienne, et détruisit toute autre religion, soit judaïque, soit naturelle et philosophique. Plus un Maçon est attaché à la parole, cest-à-dire à la doctrine de sa prétendue religion naturelle, plus il apprendra à détester l'auteur et le consommateur de la religion révélée; aussi cette parole qu'il a déjà trouvée dans les grades supérieurs nest-elle plus lobjet de ses recherches dans celui-ci; il faut à sa haine quelque chose de plus. Il lui faut un mot qui, dans sa

1. Manuel de la Maçonnerie dadoption, déjà cité.

2. Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme.