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LA FRANCE JUIVE
les unes des autres pour applaudir le Vénérable, l’intègre ministre « qui avait vu la grande lumière du 3' appartement. »
« On devrait le nommer Tuileur , » dit un Franc-Maçon fameux pour avoir affirmé dans une distribution de prix que Brutus avait été vainqueur à Philippes. « Jamais, depuis le Honduras, des actionnaires n’ont reçu une tuile pareille. »
L’appui donné par la Franc-Maçonnerie à ses membres, dans c(es circonstances critiques, explique donc suffisamment, sans qu’il soit besoin de chercher là un élément mystérieux, le nombre de recrues qu’elle fait.
En province, certains hommes, banquiers, notaires, officiers ministériels, qui, sans la Maçonnerie, auraient été au bagne dès le début de leur carrière, se sont soutenus jusqu’à la mort, ont fini même, sinon entourés de l’estime publique, du moins officiellement honorés. Il y a dans ce genre des existences véritablement curieuses.
L'histoire du F. - . Guillot est épique et peut être donnée comme spécimen.
Ce Guillot, notaire, maire de Trévoux, chevalier de la Légion d'honneur, membre du Conseil général, président de la commission départementale, haut dignitaire de la Maçonnerie, était le" grand électeur du département. Quand il mourut, au mois de mai 1883, ce fut un deuil général chez les républicains.
A côté du préfet de l’Ain, Stehelin, du sous-préfet de Trévoux, Daval, du sous-préfet de Belley, Brun, on vit derrière le cercueil tout le personnel obligatoire et laïque, les membres du conseil municipal de Trévoux, la commission des hospices, la société de secours mutuels, la compagnie des pompiers, l’école laïque, de nombreux maires et conseillers municipaux des communes voisines, des fonctionnaires de diverses administrations; MM. Ghapuis, administrateur, Monnier, chef d’exploitation, Clauzel, ingénieur, et de nombreux employés de la Compagnie des chemins de fer du Rhône, etc., etc.
On prononça sur sa tombe des discours dignes d’un homme qui aurait sauvé la Patrie. Daval, le sous-préfet, fut d’un lyrisme invraisemblable et il serait dommage de ne point citer quelques fragments de cette harangue qui donne bien l’idée de la littérature républicaine :
Messieurs,
C’est au nom de M. le Préfet de l’Ain et au mien que je prends la parole au bord de cette tombe, où nous réunit une peine commune. J’ai été invite