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LA PERSÉCUTION JUIVE
Des faits analogues se passent à chaque instant en Orient.
Tous ces crimes sont attestés par d’innombrables historiens dont les témoignages allongeraient démesurément cet ouvrage. M. Rupert, dans son Histoire de la Synagogue, a cité quelques-uns des récits les plus frappants.
Il n’est pas un écrivain du Moyen Age qui ne parle de ces faits comme d’une chose ordinaire.
Le Chroniqueur Saxon, qui mentionne tout ce qui se passe autour de lui et n’oublie pas de noter le temps qu’il fait, a raconté l’assassinat de l’enfant de Norwich :
« En ce temps-là, dit-il, les Juifs de Norwich achetèrent un enfant chrétien avant Pâques et le torturèrent avec toutes les mêmes tortures dont Notre-Seigneur avait été entouré, et, le Vendredi-Saint, ils le pendirent à une corde en haine de Notre-Seigneur et ensuite le brûlèrent. Il fait
de merveilleux miracles, et on l’appelle saint Guillaume. »
«
Mais c est Chaucer peut-être qui est le plus intéressant à consulter sur ce point. Le poète du xv e siècle, qui repose à Westminster et sur la tombe duquel on a gravé quelques jolis vers de la Fleur et de la Feuille, fut le peintre exact des mœurs de son temps. Les Contes de Canterbury (The Can- terbury taies) sont une sorte de Décaméron auquel sert de prétexte et de cadre le pèlerinage, ce pèlerinage aux reliques de Saint Thomas Becket, qui joua un si grand rôle dans la vie anglaise d’autrefois, et qui attirait chaque année, vers le célèbre sanctuaire des centaines de milliers de voyageurs, non point d’Angleterre seulement, mais des plus lointains pays *.
Réunis par hasard, des pèlerins de toutes les conditions, un homme de loi, un seigneur campagnard, un capitaine de navire, un riche marchand, un médecin, une commère de Bath, « veuve de cinq maris sans plus, » une supérieure de couvent, conviennent, pour charmer l’ennui du chemin, de conter tour à tour une histoire. Rien n’est plus touchant que le Récit de
librairie Roux et Favale, ne répond à aucun de ces faits. L’ouvrage, d’ailleurs, comme le titre l’indique, n’est qu’une plate apologie des Juifs de tous les pays et de tous les temps.
I. Voir pour Chaucer l’ouvrage de Taine et surtout l'Histoire de la littérature anglaise de Filon. Filon s’est attaché à ce pays où il avait été le précepteur ou plutôt le compagnon d’exil et l’ami d'un jeune prince héroïque ; il vit comme un sage avec ses souvenirs et ses livres dans son cottage de Margate, et c’est là qu’il a écrit sur les écrivains anglais ce volume plein de fins aperçus et d'observations pénétrantes.
Ajoutons que Chaucer, qui est un railleur à la façon de Rabelais, n’a pas épargné les moines. Ce Itécit de la Prieure n'a donc aucun caractère fanatique ; il ne fait que constater une certitude qui était dans tous les esprits sur les assassinats d’enfants commis par les J uifs.