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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

Des faits analogues se passent à chaque instant en Orient.

Tous ces crimes sont attestés par dinnombrables historiens dont les témoignages allongeraient démesurément cet ouvrage. M. Rupert, dans son Histoire de la Synagogue, a cité quelques-uns des récits les plus frappants.

Il nest pas un écrivain du Moyen Age qui ne parle de ces faits comme dune chose ordinaire.

Le Chroniqueur Saxon, qui mentionne tout ce qui se passe autour de lui et noublie pas de noter le temps quil fait, a raconté lassassinat de lenfant de Norwich :

« En ce temps-, dit-il, les Juifs de Norwich achetèrent un enfant chrétien avant Pâques et le torturèrent avec toutes les mêmes tortures dont Notre-Seigneur avait été entouré, et, le Vendredi-Saint, ils le pendi­rent à une corde en haine de Notre-Seigneur et ensuite le brûlèrent. Il fait

de merveilleux miracles, et on lappelle saint Guillaume. »

«

Mais c est Chaucer peut-être qui est le plus intéressant à consulter sur ce point. Le poète du xv e siècle, qui repose à Westminster et sur la tombe duquel on a gravé quelques jolis vers de la Fleur et de la Feuille, fut le peintre exact des mœurs de son temps. Les Contes de Canterbury (The Can- terbury taies) sont une sorte de Décaméron auquel sert de prétexte et de cadre le pèlerinage, ce pèlerinage aux reliques de Saint Thomas Becket, qui joua un si grand rôle dans la vie anglaise dautrefois, et qui attirait chaque année, vers le célèbre sanctuaire des centaines de milliers de voya­geurs, non point dAngleterre seulement, mais des plus lointains pays *.

Réunis par hasard, des pèlerins de toutes les conditions, un homme de loi, un seigneur campagnard, un capitaine de navire, un riche marchand, un médecin, une commère de Bath, « veuve de cinq maris sans plus, » une supérieure de couvent, conviennent, pour charmer lennui du chemin, de conter tour à tour une histoire. Rien nest plus touchant que le Récit de

librairie Roux et Favale, ne répond à aucun de ces faits. Louvrage, dailleurs, comme le titre lindique, nest quune plate apologie des Juifs de tous les pays et de tous les temps.

I. Voir pour Chaucer louvrage de Taine et surtout l'Histoire de la littérature anglaise de Filon. Filon sest attaché à ce pays il avait été le précepteur ou plutôt le compagnon dexil et lami d'un jeune prince héroïque ; il vit comme un sage avec ses souvenirs et ses livres dans son cottage de Margate, et cest quil a écrit sur les écrivains anglais ce volume plein de fins aperçus et d'observations pénétrantes.

Ajoutons que Chaucer, qui est un railleur à la façon de Rabelais, na pas épargné les moines. Ce Itécit de la Prieure n'a donc aucun caractère fanatique ; il ne fait que constater une certitude qui était dans tous les esprits sur les assassinats denfants commis par les J uifs.