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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FKANCE JUIVE

elle lavait laissé, et ne layant pas trouvé, elle crut quil sen était retourné au logis elle alla à linstant le demander à son mari et encore à son beau-père et à sa belle-mère, qui lui ayant tous répondu quils ne lavaient pas vu les uns et les autres, commencèrent à craindre que cet enfant ne se fût égaré, et dans cette appréhension le cherchèrent dans le village, reviennent ensuite à la fontaine avec le maire du lieu, fouillent dans les buissons qui sont auprès, appellent lenfantpar le nom de Didier quil avait reçu au baptême, crient et se tourmentent, mais sans le trouver.

La mère, accompagnée de son beau-père et dune autre femme, sétant advisée daller sur le grand chemin de Metz , éloigné de la fontaine denvi­ron deux cents pas, y trouva les vestiges des pieds de son enfant quelle suivit jusquà ce que, les ayant perdus parmi la trace des roues des char­rettes et des pieds des chevaux, elle sen revint le dire à son mari, qui courut en ce moment sur le même chemin et peu après, ayant vu venir à lui, du côté de Metz , un cavalier de la compagnie du sieur comte de Vau- demont, nommé Daniel Payer, il lui demanda sil navait point trouvé un enfant : à quoi le cavalier répondit ingénument quil avait trouvé un Juif qui était monté sur un cheval blanc, qui avait une grande barbe noire,qui allait du côté de Metz , qui portait un enfant devant lui pouvant être âgé de trois ou quatre ans, et quà sa rencontre il sétait éloigné du grand chemin de la portée dun coup de pistolet.

Ce pauvre père, qui reconnut par la circonstance de lâge que le Juif lui avait enlevé son enfant, court après lui, demande à la porte de la ville quon nomme des Allemands si on lavait vu passer. Un nommé Thibault Régnault, tourneur, qui demeure près de la même porte, lui dit quil lavait vu entrer ; mais ce nétait pas assez, car il ne lui disait point ce Juif était allé, ni il avait porté lenfant.

Néanmoins, le père ayant appris, presque dans le même temps, dun habitant du village de Hez, que ce Juif était Raphaël Lévy de Boulay, lequel cet habitant avait rencontré le même jour sur le grand chemin, portant devant lui quelque chose quil couvrait de son manteau, et que, lorsquil venait à Metz , il logeait chez le nommé Garçon , Juif, son parent, il fut à lheure même chez ce Juif demander son enfant. On lui dit quon ne savait ce que cétait, et que le maître du logis ny était pas; il se résolut de lattendre, et ayant vu près de la porte une femme, il lui dit encore quil cherchait son enfant, et tôt après une fille juive quirevenait de ta ville et qui savait que cet homme demandait son enfant, dit, parlant à la femme en langue allemande, quil ne fallait rien dire. Ce que le père, qui parle allemand , ayant entendu sen revint, et ne doutant plus de la perte de son fils, songea dès lors den poursuivre la vengeance contre Raphaël Lévy.

Ce RaphaëlLévy était un hommede cinquante-six ans, de moyenne taille les cheveux noirs et frisés, la barbe noire et fort épaisse. Agent juif très zélé, il avait parcouru le Levant, lItalie , lAllemagne , la Hollande chargé des intérêts de sa religion. Il était dans le village de Xélaincourt, situé dans le pays messin, et sétait installé depuis quelques années dans la ville de Boulay.

Le procès fut ce que sont tous les procès faits aux Juifs dans lesquels