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LA FRANCE JUIVE
ment bizarre et exp’icable cependant. Le Juif est troublé involontairement
par cette atmosphère de foi ardente qui règne autour de lui aux premiers
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siècles du christianisme : il est frappé par les miracles qu’accomplissent les saints; il a beau se raidir contre la Vérité, il a des moments d’anxiété terrible, il est ému du sens si clair de certaines prophéties, et il s’imagine que, si le Christ est vraiment le Messie , la gouttelette de sang d'un baptisé absorbée par un circoncis, suffira à assurer son salut.
L’écho de ces choses arrive au dehors, et ceux qui veillent sur la société se bornent simplement à défendre le travail de l’homme contre l’usure, la vie de l’enfant contre l’assassinat rituel; — ce qui leur vaut aujourd’hui les anathèmes de la Franc-Maçonnerie pleurant sur le sort du bon Juif.
L’école historique française, encore une fois, a passé à côté de tout cela sans le voir, en dépit des méthodes nouvelles d’investigation qu’elle prétend avoir inventées. Elle s’est arrêtée niaisement devant des oubliettes qui, selon Viollet-le-Duc lui-même, étaient des latrines, devant des in pa.ce qui étaient des celliers ; elle n’est pas entrée dans ce sacrificarium mystérieux, dans ce cabinet plus sanglant que celui de Barbe-Bleue, où dorment exsangues et les veines taries, les enfantines victimes de la superstition sémitique.
Peut-être un de nos jeunes savants entreprendra-t-il quelque jour un travail dans ce sens. Peut-être essaiera-t-il de rechercher l’origine, de reconstituer l’existence de cette secte effroyable que la Civilta Catholica crcit être celle des Kasadini ou des Kabalistes. Peut-être nous racontera- t-il les transformations de cette association analogue à celle des Assassins du Vieux de la Montagne, des Skopsis de Russie , des Thugs de l’Inde , qui, après avoir été toute-puissante au Moyen Age , ne semble plus être repré-' sentée dans le Judaïsme moderne, épris uniquement à l’heure actuelle de luxe et de bien-être, que par quelques retardataires isolés. Il faudrait, à l’auteur d’un tel travail, outre l'indépendance morale si rare à notre époque, le détachement de la publicité dont les Juifs disposent seuls, le renoncement à ces rubans, à ces places bien rétribuées, à ces sièges d’académiciens après lesquels chacun court si vite qu’il oublie sa conscience en chemin.
Tout ce qui n’est pas affilié aux Juifs est tenu en dehors des récompenses académiques à l’académie des Inscriptions et Belles-Lettres , et les Archioes Israélites proclament déjà avec orgueil que les Juifs sont assez nombreux à l’Institut pour y former un minian.
J’avais cru que M. Paul Meyer qui a obtenu en 1883 le prix biennal était Israélite : il paraît qu’il n’en est rien. On m’a offert des documents qui