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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Hendlé reçut de lavancement, comme il convenait, et alla continuer le cours de ses exploits dans la Seine-Inférieure . A Dieppe , il fut ur mo­ment gêné. Il existait une école tenue par des religieuses qui jouissaient de lestime et de laffection de la population tout entière. La municipalité sopposait résolument à ce quon chassât les Sœurs.

Plutôt que de consentir à cette infamie, M. Levert et ses adjoints don­nèrent leur démission et furent immédiatement réélus à Tunanimité par le conseil municipal. Hendlé ne pouvait employer le fameux argument : « La voix du peuple, la volonté générale. » Il se rappelle alors les articles quil a publiés jadis dans les Archives Israélites sur les Juifs en Pologne : il se dit quon peut imiter les Russes et tout se permettre en pays conquis; il crochette les portes de lécole et jette les religieuses dans la rue'.

Exalté par ce triomphe, il devient furieux quand il retrouve devant lui ce Crucifix quil hait tant. Un jour, cependant, il se heurte à un homme résolu comme il y en a malheureusement trop peu à notre époque. Pour remplacer un Crucifix enlevé, M. Augé, maire dHarmanville, vient lui- même acheter à Dieppe un magnifique Christ, et, le 7 octobre 1882, le fait placer avec linscription suivante :

Ce Christ a été posé à lécole communale dHermanville à la suite dune souscription faite par le maire, le conseil municipal et toute la population, à lunanimité.

Hendlé et ses agents écument, ils menacent de faire fermer lécole; le maire regarde bien en face ces misérables et leur dit froidement : « Ce Christ est dans notre école et il y restera, cest la volonté de mes admi­nistrés. Si vous y touchez, je fais sonner le tocsin et alors gare! »

Il nen fallait pas plus, on le devine, pour donner à des Juifs une panique épouvantable, et le préfet Hendlé sen fut épancher, en blasphé­mant dans les cafés de la ville, sa rage de navoir pas pu toucher au Christ.

Ce qui surpasse, ce qui donne lidée du degré les caractères sont descendus, cest de voir une femme, qui a du sang royal dans les veines, la duchesse de Chartres , aller rendre visite, avant son départ de Rouen , à

1. Cet Hendlé semble avoir eu la spécialité de soccuper des Juifs polonais. En 1863 il publie dans les Archives Israélites un dithyrambe sur eux ; le 4 novembre 1865, il semporte à la police correctionnelle contre lavocat général, M. Dupré Lasalle, qui, dans un procès figuraient des Israélites polonais prévenus descroquerie, disait : « Il mest dailleurs difficile dajouter foi au récit des prévenus ; ce sont des Juifs, et je ne sache pas que les Juifs aient combattu aux côtés de leurs frères et versé leur sang sur les champs de bataille de la Pologne . »