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LA FRANCE JUIVE
Chez certains individus, comme chez Lockroy, un élément de Juiverie se greffe sur un héritage sanglant de Jacobin de 93 et constitue un très singulier mélange.
Fils d’un Juif italien, Simon, qui fut longtemps comédien sous le nom de Lockioy, et qui, d’après Vapereau , est né à Turin , le député de la Seine , l’ennemi des Frères de la Doctrine chrétienne *, descend de Jullien de la Drôme qui joua un si triste rôle pendant la Révolution. Il a publié lui- même chez Galmann Lévy, sous ce titre : Journal d’une bourgeoise pendant la Révolution, les impressions de sa grand’mère dont il a eu la pudeur, du reste, de ne donner que les initiales. En ceci, il a eu raison, car on ne peut rien imaginer de plus odieux que ce Journal.
C’est une vraie lécheuse de guillotine que cette Philaminte bourgeoise. On devine une âme gonflée de rancune et d’envie, à la façon dont cette mégère applaudit à tous les crimes, au massacre de vieillards dans les prisons, aux exécutions populaires. Laide sans doute et mal élevée, elle hait d’une haine de servante cette reine qui fut la triomphante de Versailles par l’élégance et le charme plus que par le rang. Elle est fermée à tout sentiment généreux ; elle prélude aux ignominies d’Hébert; elle insulte cette mère qui est au Temple, cette chrétienne sublime qui, prête à monter à l’échafaud, employait ses derniers instants, dans le cachot de la Conciergerie, à recommander le pardon aux siens; elle l’appelle Médicis, elle prétend que devant ses gardes elle faisait réciter à son fils des vers qui se terminaient ainsi :
Et d'un peuple rebelle abhorrant la noirceur,
11 faut, mon fils, apprendre à lui percer le cœur *.
Elle sait qu’elle ment, que lui importe! C’est avec ces mensonges qu’on
tvpe se glissant en France , gagnant avec les petits trafics de biens nationaux, avec le prix des dénonciations sous la Terreur, de quoi faire donner un peu d’instruction aux enfants, tirant de l'Empire tout ce qu’il peut donner, et se résumant dans un de nos hommes d’Etat à la fois pourris et sectaires, étrangers à toute conviction et fanatiques d’intolérance.
1. Lockroy a reçu cependant quelques notions de catéchisme. Une brave femme qui, sous le nom d’Élise Moreau , avait eu quelque célébrité comme poétesse avant d'épouser dague, l’archi-Gagne, l’auteur de l’Uniteide, s’apitoya sur la misère morale de ce malheureux qui, à douze ans, ne savait des vérités fondamentales de la Religion que ce que l’on en peut savoir entre deux portants de coulisses. Elle mena le petit sauvage à un respectable ecclésiastique, dont nous avons déjà parlé à propos de la Commune, l’abbé Ravailhe. Le digne prêtre s’efforça d’apprendre du moins à l’enfant à connaître et à bénir le nom de son Créateur. Le terrain, hélas! était ingrat, et Lockroy profita peu de cet enseignement qui aurait pu le préserver de tant d’écarts.
2. Journal d’une bourgeoise de Paris pendant la Révolution, page 281.
« Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète : qu'il ne cherche jamais à venger notre mort. » Testament de Marie-Antoinette .