Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
807
Einzelbild herunterladen

LA PERSÉCUTION JUIVE

807

je payerais le fiacre au besoin. Voulez-vous savoir comment Germain Sée qualifie la possibilité même dun acte pareil? « Mon cher ami, écrit-il à son complice Lockroy, si vous avez lu le Monde dhier, vous y trouverez une monstruosité sur le désir quaurait manifesté le Maître de se confier à un prêtre. »

Je vous demande en quoi il serait monstrueux quun homme qui a ses plus belles inspirations à la religion chrétienne , qui a célébré Jésus , lÉglise, la prière en vers immortels, eût le désir, avant de quitter la terre, de causer avec le ministre dun Dieu qui a été le sien.

Lockroy est plus insolent encore. Les rédacteurs du Monde, voulant espérer que lâme du poète était sauvée, avaient demandé simplement et très convenablement si Victor Hugo navait pas souhaité voir un prêtre. « Les drôles, qui rédigent un journal religieux appelé le Monde, » voilà sur quel ton Lockroy commence sa réponse.

Lockroy est sûr de ce quil fait en écrivant ceci. Il est de ceux qui ont reçu le plus de corrections dans leur vie et qui les ont reçues le plus patiemment. Il avait fait tout jeune lapprentissage des humiliations en voyant son père, moyennant quelques feux modestes, se livrer à des pitreries ou tendre le dos pour amuser la foule au théâtre. Il justifie donc ce que dit Montaigne , dans son langage imagé, de la puissance de lhabitude: « Celui- me semble avoir très bien conçu la force de la caustume, qui premier forgea ce conte quune femme de village ayant appris à caresser et à porter entre ses bras un veau dès lheure de sa naissance et continuant toujours à ce faire, gagna cela par laccoutumance que, tout grand bœuf quil était, elle le portait encore. »

Avec les journalistes catholiques, Lockroy prend sa revanche. H y a des officiers, danciens zouaves pontificaux, qui ont été héroïques sur les champs de bataille et dont la vue seule ferait cacher Lockroy sous la table ; retenus par les défenses de lÉglise, ils laissent ce malheureux les insulter sans lui envoyer de témoins.

Les camarades de Lockroy tirent de, naturellement, des conséquences absolument fausses. Je vous citerai Louis-Stanislas Meunier. Jai lu de lui des articles retentissait parfois, à travers les blasphèmes, une note vibrante et originale, lon trouvait une peinture sincère de nos misères sociales que la France doit à la Révolution. Voyez, cependant, ce quil écrit à ce sujet :

Quel derrière, mes amis, que celui du cléricalisme! Gomme cette roton- e charnue semble destinée admirablement aux coups de bottes! Voyez