Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
826
Einzelbild herunterladen
  

826

LA FRANCE JUIVE

mier éditeur de Léo Taxil ; cest ce nom que lon trouve au bas de la première édition dA bas la calotte. Cest Mayer qui donne en prime le Manuel clés confesseurs, qui proteste lorsque les honnêtes gens indignés arrachent des murailles les affiches immondes annonçant les Amours secrètes de Pie IX . Cest Benoît Lévy qui défend Léo Taxil poursuivi à propos de ces Billets de la Sainte Farce, non pour outrage à la pudeur publique, non pour avoir fourni le moyen de commettre dinnombrables escroqueries, mais pour « simple contravention pour le dépôt du second exemplaire. »

Les Juifs ont une grande force pour eux : lhonnêteté de leurs adver­saires, qui les empêche duser de représailles. Supposez, en effet, que jaie lidée décrire quelque inconvenance sur M Ue de Rothschild . Figurez-vous laccueil que réserveraient à mon projet les religieux qui veulent bien m'honorer de quelque amitié, mes amis catholiques, le plus humble des fidèles : « Ne faites pas cela, laissez en dehors des insultes ce qui est pur, ce qui est chaste, ce qui est faible. »

Les Juifs de la Lanterne nont pas de ces scrupules; ils vous racontent tranquillement, avec force détails à lappui, quune religieuse, la Sœur Saint-Charles, a mis au monde un enfant dans le train dAix . Ils en sont quittes pour quelques centaines de francs damende et de dommages-inté­rêts. Encore les dommages-intérêts sont-ils vivement combattus par le ministère public, représentant de la morale. Il serait fâcheux de ne point donner le nom de ce magistrat qui répond à lappellation de Morin. Coûtez le raisonnement de cet homme étonnant : « Il est inutile, dit-il, daccor­der des dommages-intérêts; il y a eu diffamation sans doute, mais la Sœur Saint-Charles est une personne respectable et bien connue; or, le préjudice causé est dautant moindre que la personne qui en souffre est plus respec­tée et plus estimée '. »

Daprès cette doctrine singulière, celui qui discuterait la moralité de Tropmann serait plus coupable que celui qui traînerait saint Vincent de Paul dans la boue. Je me tromperais fort si « lacacia nétait pas connu >> à ce magistrat paradoxal, et sil navait pas un tablier maçonnique sous sa robe de procureur.

1. Tribunal correctionnel de Grenoble , présidence de M. Piat De via!, décembre 1882.

Si l'on se plaçait au point de vue de ce Morin, il faudrait donc admettre que le tribunal a fait peu de cas de la réputation de M me Hugues, puisqu'il lui a accordé 2.000 francs de dommages-intérêts et qull na con amné la Lanterne qu'à cent cinquante francs de o n- mages-intérèts envers la sœur Saint-Charles. Je me hâte de dire que ce serait une conclu­sion foicée; il ne faut voir dans la disproportion des deux chiffres quune nouvelle preuve de la servilité de la magistrature envers les députés de la gauche.