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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

nétait pas utile à ma candidature, et Mayer lest infiniment: si Morin avait eu un journal républicain, je laurais appelé ; « mon vieil ami! »

Celui qui sindigne le plus haut, cest M° Gatineau , qui détestait tant larmée quil fut frappé depuis dapoplexie en sortant de latelier dYvon, il avait été voir le portrait du général Forgemol. Jamais plus effronté diffamateur na déshonoré le barreau français , qui compte cependant de beaux spécimens dans ce genre.

Attendez quil ait fini de sindigner, et vous le verrez se précipiter, la to­que levée, pour serrer la main à M° Gléry qui, dans le procès de Marais, a accusé, sans l'ombre dune preuve, une comédienne davoir donné la mort à sa compagne en jetant sur elle un seau deau glacée dans un moment critique *.

La béte immonde, pour tous ces démocrates, cest le pauvre hère crotté, qui sen va, pour quarante sous, chercher des arguments qui rapportent dix mille francs aux avocats, lorsquils les présentent aux juges en leur donnant une gravité quils nauraient pas dans la bouche dun Morin 8 .

Lopinion publique en Franco a tellement perdu la perception du juste

1. C'est ce que M° Le Hnrquier, dans son discours à la conférence dos stagiaires du 1 er décembre 1881, appelle « plaider les causes les plus enflammées, sans dépasser la ligne qui sépare le droit de la licence, la discussion nécessaire des agressions blessantes et stérile*. » " Le barreau, ajoute-t-il, est courtois et tient ft honneur de garder à la barre cette altitude correcte dhommes divisés dopinion, et sexpliquant sur toute chose avec une modération qui néte rien à la sincérité, ni même à la vivacité de leurs convictions. »

l.o Berquior lui-même ne sest pas gêné pour diffamer Alphonse Daudet en donnant un sens mensonger à des lettres toutes personnelles écrites avec le laisser-allor de la vie litté­raire.

S. Les journaux républicains, si respectueux de l'honneur des femmes, ont trouvé moyen do diffamer une malheureuse femme qui n'avait plus de jambes et qui vivait de la charité des passants! Vous avez tous connu ce triste spécimen des misères humaines qui so tenait sur le boulevard des Capucines et que Charles Yriarte a oubliée dans ses Célébrité* de lu rue. Assurément, vous vous seriez attendu à ce que la presse ne sattaquêt jamais à cetto infor­tunée. Vous ne connaissez pas les publicistes rouges: ils racontèrent que cotte femme était uno ancienne prostituéo, qui, poursuivie par des agents des mœurs, sétait brisé les deux jambes en sautant dune fenêtro pour leur échapper. Or, cette femme navait jamais été ins­crite sur les registres de la prostitution; elle navait jamais été recherchée par les agents des mœurs, et ollo navait jamais eu de jambes.

« Cetto malheureuse, dit M. Macé dans son livre : Le service de sûreté par son ancien chef, est une honnête mère de famille. .Mariée, il y a trente ans, à un sieur L..., ouvrier bou­langer, elle a eu dix-huit enfants, dont trois vivent encore, habitent Paris , y exercent un métier honorable, ot jouissent dune excellente réputation.

k Celte veuve incapable de tout autre travail a toujours gagné sa vie en implorant 1* pitié publique. Les habitués du boulevard la connaissaient depuis longtemps et lui venaient en aide.

« Mais depuis quelle a été calomniée dans la seule chose quelle possédait son honneur tout le monde la regarde avec mépris et aucune main ne souvre plus pour elle. Elle a pu jadis, avec des dons charitables, élever une nombreuse famille; elle ne peut plus aujourd'hui suffire à sa propre existence. »

Avouez que cette victime est autrement intéressante que .M m< Hugues, qui est jeune.