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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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Cest par les couvents quon commence.

Cest par les journaux quon finit.

On devine les scrupules que peuvent éprouver comme fonctionnaires des gens qui ont tant à se faire pardonner. Un commissaire de police dAngers , Poilu, est chargé, au mois de novembre 1881, dune instruction contre un prêtre. La plupart des témoins déposent en faveur de laccusé et sont tout étonnés, quand on leur relit leurs dépositions au tribunal, de voir quon leur avait fait dire absolument tout le contraire de ce quils pensaient. Lingénieux Poilu les avait tout simplement appelés à son bureau, et, sous un prétexte quelconque, leur avait fait signer une feuille en blanc. La chambre des mises en accusation, saisie de laffaire, écarta lintention frauduleuse en constatant seulement que le magistrat avait systématique­ment omis de relater les témoignages favorables à laccusé!

On comprend ce que peut faire de ravages, dans un pays organisé comme le nôtre, la force publique confiée à de tels hommes.

Sur ce point lhistorien de lavenir ferahiende consulter les chroniques dIgnotus.

Cest dans un volume spécial, consacré au mouvement littéraire de notre époque, que jétudierai à fond cet écrivain qui est un des rares qui aient appris leur nom à la foule depuis 1870. Beaucoup ne laiment pas, dautres exagèrent sa valeur; je trouve, quant à moi, qu'il est impossible de lui contester un don très réel dexprimer dans une langue personnelle des pensées parfois très originales et très hautes. On peut lui appliquer la définition de lartiste par Yarnhagen : « Un artiste est celui dont les idées se font images. »

Javoue nêtre pas toujours enthousiaste de ses portraits. Je ne parle point du portrait de Rothschild , il nest pas digne de lécrivain et lauteur semble en avoir rougi puisquil na donné aucune publicité au volume dans

un agent irresponsable, à un être tout instrumentaire comme limprimeur. Je nexcuse pas l'agression qu'un des frères Ballerich a payée de sa vie, mais il est incontestable que Roche- fort a fait la même chose queux dans des conditions qui se rapprochent davantage du guet- apens.

Si je signale ce point à votre réflexion, cest surtout en ce quil indique une fois de plus linconscience profonde de tout ce monde qui, dès que son moi est en jeu, oublie abso­lument les belles maximes dont il fait commerce. Sans doute lexamen de conscience auquel oblige la fréquentation des Sacrements ne préserve point notre pauvre nature si fragile de retomber dans le mal, mais elle empêche cet état de démoralisation complète 1 âme n a plus même le sentiment de ce qui est permis et de ce qui ne lest pas. « La confession, a dit énergiquement Lamennais, a été instituée pour empêcher le péché de pourrir dans le cœur de l'homme. »