LA PERSÉCUTION JUIVE
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C’est par les couvents qu’on commence.
C’est par les journaux qu’on finit.
On devine les scrupules que peuvent éprouver comme fonctionnaires des gens qui ont tant à se faire pardonner. Un commissaire de police d’Angers , Poilu, est chargé, au mois de novembre 1881, d’une instruction contre un prêtre. La plupart des témoins déposent en faveur de l’accusé et sont tout étonnés, quand on leur relit leurs dépositions au tribunal, de voir qu’on leur avait fait dire absolument tout le contraire de ce qu’ils pensaient. L’ingénieux Poilu les avait tout simplement appelés à son bureau, et, sous un prétexte quelconque, leur avait fait signer une feuille en blanc. La chambre des mises en accusation, saisie de l’affaire, écarta l’intention frauduleuse en constatant seulement que le magistrat avait systématiquement omis de relater les témoignages favorables à l’accusé!
On comprend ce que peut faire de ravages, dans un pays organisé comme le nôtre, la force publique confiée à de tels hommes.
Sur ce point l’historien de l’avenir ferahiende consulter les chroniques d’Ignotus.
C’est dans un volume spécial, consacré au mouvement littéraire de notre époque, que j’étudierai à fond cet écrivain qui est un des rares qui aient appris leur nom à la foule depuis 1870. Beaucoup ne l’aiment pas, d’autres exagèrent sa valeur; je trouve, quant à moi, qu'il est impossible de lui contester un don très réel d’exprimer dans une langue personnelle des pensées parfois très originales et très hautes. On peut lui appliquer la définition de l’artiste par Yarnhagen : « Un artiste est celui dont les idées se font images. »
J’avoue n’être pas toujours enthousiaste de ses portraits. Je ne parle point du portrait de Rothschild , il n’est pas digne de l’écrivain et l’auteur semble en avoir rougi puisqu’il n’a donné aucune publicité au volume dans
un agent irresponsable, à un être tout instrumentaire comme l’imprimeur. Je n’excuse pas l'agression qu'un des frères Ballerich a payée de sa vie, mais il est incontestable que Roche- fort a fait la même chose qu’eux dans des conditions qui se rapprochent davantage du guet- apens.
Si je signale ce point à votre réflexion, c’est surtout en ce qu’il indique une fois de plus l’inconscience profonde de tout ce monde qui, dès que son moi est en jeu, oublie absolument les belles maximes dont il fait commerce. Sans doute l’examen de conscience auquel oblige la fréquentation des Sacrements ne préserve point notre pauvre nature si fragile de retomber dans le mal, mais elle empêche cet état de démoralisation complète où 1 âme n a plus même le sentiment de ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas. « La confession, a dit énergiquement Lamennais, a été instituée pour empêcher le péché de pourrir dans le cœur de l'homme. »