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LA FRANCE JUIVE
du Judaïsme français , d’ordinaire plus circonspect que la Lanterne, moins bruyant dans sa haine.
D’après elles, M* r Howard serait un Juif de Prague .
Howard, affirment-elles, n’est point né dans l’Église catholique; ce n’est point l’eau bénite répandue sur son front qui a assuré l’immortalité à son âme, mais ce sont les eaux de la mer Rouge par laquelle ses ancêtres ont passé, c’est le couteau du Mohel (péritomiste). Cette opération fut accomplie, il y a une quarantaine d’années, sur le corps du futur Monsignor, dans la ville de Prague , et lorsque le père adressa, durant la cérémonie de la circoncision, les prières en usage, il ne se doutait guère de la future grandeur de son fils! Ajoutons, pour être sincère, que le vieil Austerlitz — tel est le vrai nom de l’archevêque de Saint-Pierre — n’avait nullement souhaité cette sorte d’élévation pour son fils, car il était sincèrement attaché à la religion de ses pères, et la tiare même ne l’aurait pas rendu parjure à sa foi. Le Monsignor, son fils, a été élevé dans les saines traditions de la religion juive , et il est plus que probable qu’avant l’âge de quinze ans il n’avait jamais mis les pieds dans une église.
Les dispositions du jeune Austerlitz auraient attiré sur lui l’attention d’un rabbin de Prague , M. Teweles, qui aurait commencé son éducation et lui aurait donné quelques notions de musique. A la mort de son père, le jeune homme fut obligé de donner des leçons pour vivre, et bientôt il entra comme violoniste au théâtre de Prague .
C’est là, continuent les Archives, que se manifesta à lui la grâce sous la forme d'unejeune... lady anglaise, sur qui la beauté exceptionnelle du jeune virtuose avait produit une profonde impression. Howard passa du théâtre à l’hôtel de la riche Anglaise, et il put, le lendemain, annoncer aux parents de ses élèves que désormais il n’avait plus besoin de courir le cachet. En 1852, il reçut une invitation de passer en Angleterre et accepta.
Nous n’avons point de détails authentiques sur son séjour dans ce pays; nous savons seulement que les portes des salons les plus aristocratiques de Londres et de Dublin lui furent largement ouvertes, et que c’est en Angleterre qu’il se convertit au Christianisme pour se vouer à la carrière ecclésiastique. Il changea à cette occasion son nom d’Austerlitz contre celui de Howard. L’archevêque Manning l’honora de sa faveur toute spéciale et il devint très en faveur auprès de l’aristocratie féminine. Au commencement de l’année 1860, il fut présenté au Pape, comme membre d’une députation
de M. de Selves, préfet de l’Oise. Sur des chars ornés de feuillages, des fille* étaient installées. D’autres chars servaient de voitures-réclames à un roman-leuilleton de la République française . Dans une carriole fermée par un rideau qu’on tirait moyennant deux sous, on avait placé un bouc et une chienne qui étaient censés représenter le malheureux prêtre et la femme que la calomnie lui attribuait comme maîtresse. Tout ce que les villages de la banlieue de Paris contiennent de gens mal famés suivait i cheval ou à pied, ivres dès le matin, hurlant des refrains qui auraient épouvanté le marquis de Sade .