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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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Rédacteur d un journal avancé, le Sampiero, Saint-Elme avait com- b.itiu avec infiniment de courage lopportunisme qui, en Corse, avait fini p ir s implanter en sappuyant sur ces êtres avides et corrompus que con­tient toujours une population même foncièrement probe et loyale comme celle de la Corse. Il sétait élevé contre la conduite du préfet Trémontels qui, selon son expression, « avait fait de la préfecture une maison de tolérance et une succursale de la forêt de Bondy. .»

Emmanuel Arène vit sa candidature perdue et essaya de prendre de Paris des attitudes de capitan prêt à franchir les monts et les plaines pour châtier les insolents qui se permettaient de marcher dans son ombre; il déclara comme le Ghâteaufort de Cyrano de Bergerac « quil allait faire pendre les quatre éléments et envoyer défendre au genre humain dêtre vivant dans trois jours. »

Saint-Elme, qui avait été officier, répondit tranquillement à ce mata­more quil était disposé à faire la moitié du chemin et quil viendrait jus­quà Marseille .

Arène épouvanté se jeta dans les bras de Yeil-Picard et de Waldeck- Rousseau . Les fonds secrets furent mis à contribution et quelques jours après une tentative dassassinat avait lieu sur lécrivain redouté : les assas­sins étaient des agents de police déguisés en bourgeois. Saint-Elme, dès quil fut remis de ses blessures, essaya de demander une explication au préfet 1 qui tenait ses assises au café Solferino et avait installé son cabinet. Le préfet le fit assommer à coups de barre de fer par le concierge de la préfecture aidé par le maître de létablissement. Pour être sûr que lattentat réussirait, le procureur de la République avait défendu à cet homme menacé de tous les côtés davoir des armes sur lui, et, toutes les fois quil savait quil devait être attaqué il le faisait fouiller et désarmer pour quil ne pilt se défendre.

Le procès du journaliste, longtemps retardé par son état de maladie, fut profondément émouvant. On le transporta à laudience sur une civière, moribond. Près de lui se tenait la pauvre femme enceinte qui avait voulu

1. Ce préfet, qui se faisait pompeusement appeler de Trémontels, sappelait tout sim­plement André. Avant dêtre préfet de la Corse, il avait été préfet de 1 Aveyr n et il paraît que dans ce poste il aurait commis de nombreux détournements à laide de mandats fictifs. Cest du moins ce quaffirma le f onctionnaire qui 1 i succéda dans lAveyron , M. Demangeat dans une lettre adressée à la Nouvelle Presse et publiée par elle le 12 novembre 1884 : « Je refusai à maintes reprises, dit M. Demangeat, et malgré de nombreuses lettres rapai 'le >1. Leguay, directeur des affaires départementales, qui connaissait le dossier, de justifier des comptes injustifiables. »

Il est vrai que dans la discussion dune interpellation qui eut beu à la Chambre, le 10 novembre 1884, à propos de la révocation du même M. Demangeat comme inspecteur