LA PERSÉCUTION JUIVE
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brusquement son fusil d’épaule et déclara à tous ceux qui voulurent traiter cette question « que les interpellations de collègue à collègue étaient défendues. »
Aucun doute cependant n’était possible. L’ancien chef de la comptabilité de la Compagnie Morelli, M. Semeriva, avait affirmé que MM. Arène et Peraldi recevaient un subside mensuel pour les avantages qu’ils avaient fait obtenir à la Compagnie, grâce à leur position de députés. Selon lui, le feuillet 105 du copie de lettres de la Compagnie contenait une lettre ainsi conçue.
Folio 105. Marseille , le 24 août 1883.
Monsieur Peraldi, député de la Corse,
.iVows avons l’honneur de vous adresser ci-joint, sous pli recommandé, la somme de 750 fr. en sept billets de banque de 100 fr. et un de 50 fr., montant de votre traitement du mois d’août.
Veuillez, etc. Signé : Semeriva '.
M. Semeriva soutenait en outre que les livres de la Compagnie portaient, à la date du 14 décembre 1884, la mention suivante :
Indemnité à Peraldi, mois de novembre 1883, sept cent cinquante francs. Indemnité à Arène, mois de novembre 1883, mille francs.
Peraldi se défendit faiblement et pour toute excuse se contenta de dire qu’il était notaire, ce qui frappa d’étonnement les gens qui ne pouvaient comprendre ce que les panonceaux venaient faire là. Quant à Arène, il nia violemment. S’il était honnête il n’avait, pour être disculpé immédiatement, qu’à demander à un tribunal d’honneur de constater si les feuillets portaient la mention en question.
Il s’en garda bien, et le groupe de l’Union républicaine continua à réchauffer ce jeune concussionnaire dans son sein. M. Eanc qui, au moment de l’affaire Bolland, s’était démené énergiquement, sous prétexte que les amis de Gambetta ne pouvaient pas être soupçonnés, ne donna pas signe de vie. A lui aussi il était bien simple cependant d’aller feuilleter les livres de la Compagnie.
I. Voir à ce sujet, en dehors du Journal officiel du 6 et du 8 juin 1884, la Question Corse, par II. Ernest Judet , et la réimpression du journal le bamptero, dont Samt-Elme était le rédacteur en chef.