LA PERSÉCUTION JUIVE
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demander des nouvelles de son fils à M. Lacointa *. L’ancien avocat général à la Cour de cassation, qui donna si noblement sa démission au moment des décrets, avait été touché de cette grande douleur ; il était devenu le conseiller, le consolateur, presque l’ami de ce prolétaire. Pendant que l’infortuné trouvait, comme tous ceux qui soutirent, quelque soulagement à conter son éternelle histoire, le magistrat envoyait sa bonne garder le fiacre afin d’éviter au cocher une contravention.
L’affaire était très simple. L’enfant, envoyé par le chemin de fer, de Paris à Toulouse , où il devait entrer dans un établissement d’éducation religieuse, avait été abordé et circonvenu, dans la gare de Narbonne , par un Franc-Maçon , nommé Richard, qui l’avait fait monter dans son wagon et l’avait placé en apprentissage à Cette, chez un confiseur du nom de Lavaille. Là on s’était efforcé de corrompre cette jeune intelligence en lisant chaque soir à l’enfant les immondes publications qu’a produites la librairie anticléricale.
Sans doute, on ne pouvait pas espérer que la justice osât poursuivre un Franc-Maçon ; mais, dès que les faits avaient été signalés au parquet par un homme ayant occupé la situation de M. Lacointa, pouvait-on refuser de rendre immédiatement à sa famille la victime d’un attentat si odieux? On n’en fit rien. Le chef du parquet était un de ceshommesrecrutés par la République dans les bas-fonds sociaux, et qui savent qu’en se mettant au service de la Franc-Maçonnerie juive ils peuvent tout se permettre impunément. Le premier mandataire qui se présenta avec une lettre du père fut injurié et on lui jeta la lettre déchirée au visage. Le second mandataire fut menacé de coups de barre de fer. On savait le père pauvre et on spéculait là-dessus. Une bonne âme lui fournit les moyens de faire le voyage et de ramener son enfant.
Lenoir intenta au citoyen Richard un procès en détournement de mineur. Ce fut alors qu’on vit comme toujours le Juif apparaître derrière le Franc-Maçon . Lisbonne , l’ancien député, se constitua le protecteur de Richard et plaida pour lui.
M. Lacointa, alors qu’il était directeur au ministère de la justice , avait maintes fois obligé ce Juif; mais l’autre connaissait trop bien la délicatesse des honnêtes gens pour penser qu’on montrât les lettres qu il avait écrites pour demander ou pour remercier; aussi ne se gêna-t-il pas