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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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demander des nouvelles de son fils à M. Lacointa *. Lancien avocat général à la Cour de cassation, qui donna si noblement sa démission au moment des décrets, avait été touché de cette grande douleur ; il était devenu le conseiller, le consolateur, presque lami de ce prolétaire. Pendant que linfortuné trouvait, comme tous ceux qui soutirent, quelque soulagement à conter son éternelle histoire, le magistrat envoyait sa bonne garder le fiacre afin déviter au cocher une contravention.

Laffaire était très simple. Lenfant, envoyé par le chemin de fer, de Paris à Toulouse , il devait entrer dans un établissement déducation religieuse, avait été abordé et circonvenu, dans la gare de Narbonne , par un Franc-Maçon , nommé Richard, qui lavait fait monter dans son wagon et lavait placé en apprentissage à Cette, chez un confiseur du nom de Lavaille. on sétait efforcé de corrompre cette jeune intelligence en lisant chaque soir à lenfant les immondes publications qua produites la librairie anticléricale.

Sans doute, on ne pouvait pas espérer que la justice osât poursuivre un Franc-Maçon ; mais, dès que les faits avaient été signalés au parquet par un homme ayant occupé la situation de M. Lacointa, pouvait-on refuser de rendre immédiatement à sa famille la victime dun attentat si odieux? On nen fit rien. Le chef du parquet était un de ceshommesrecrutés par la République dans les bas-fonds sociaux, et qui savent quen se mettant au service de la Franc-Maçonnerie juive ils peuvent tout se permettre impu­nément. Le premier mandataire qui se présenta avec une lettre du père fut injurié et on lui jeta la lettre déchirée au visage. Le second manda­taire fut menacé de coups de barre de fer. On savait le père pauvre et on spéculait-dessus. Une bonne âme lui fournit les moyens de faire le voyage et de ramener son enfant.

Lenoir intenta au citoyen Richard un procès en détournement de mi­neur. Ce fut alors quon vit comme toujours le Juif apparaître derrière le Franc-Maçon . Lisbonne , lancien député, se constitua le protecteur de Richard et plaida pour lui.

M. Lacointa, alors quil était directeur au ministère de la justice , avait maintes fois obligé ce Juif; mais lautre connaissait trop bien la dé­licatesse des honnêtes gens pour penser quon montrât les lettres qu il avait écrites pour demander ou pour remercier; aussi ne se gêna-t-il pas

1. Voir l'éloquent et simple récit de M. Lacointa, dans le Correspondant du 2» février 1884. Sous ce titre : les Voleurs denfants, M. Léon Lavedan a publié également, dans le Figaro , un récit très circonstancié de ce rapt.