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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

remémorent lun à lautre les circonstances de leur voyage dautrefois.

Te rappelles-tu ce religieux qui nous faisait si bon accueil, et que tu remerciais si chaleureusement; quost-il devenu?

Ma foi!,je nen sais rien; il doit errer sur une route quelconque, car je viens de mettre la gendarmerie après lui.

Cest contre le pauvre encore, contre le pauvre uniquement, quest édictée la loi scolaire. Le riche trouvera toujours le moyen de faire élever ses enfants chrétiennement : le pauvre ne le peut pas: pour lui lathéisme est obligatoire. On a appelé des petits Mortarns laïque s ces enfants quon arrache violemment à la religion de leurs pères. Le mot nest juste quà moitié. On ne leur donne même pas une religion à la place dune autre. Les malheureux, pour qui la vie sera la plus dure, qui auraient le plus besoin dune foi, dune espérance, dun idéal, sont privés de tout ensei­gnement religieux.

lilevés sans Dieu , vivant sans Dieu , ils mourront sans Dieu ,

Le prolétaire est au terme de sa course; sur la tombe des Domains on inscrivait le cursus honorum : cest le cursus dolorum qu'il faudrait ins­crire, si les inscriptions ne coûtaient pas si cher, sur cette tombe quon va creuser dans la fosse commune pour ce paria et ce vaincu, Il a travaillé pour enrichir les Juifs, il a été empoisonné par les marchands de vin juifs, chers à Lockroy, il est à bout. Jadis, ce déshérité trouvait près de son chemin un être de bonté, mère, sœur, et femmeà la fois, qui lui mon­trait un peu de ciel bleu.

La Sœur navait pas besoin de parler beaucoup pour affirmer quil y avait au delà de ce monde cruel ot misérable un monde tout était jus­tice et lumière; sa présence près de ce lit proclamait assez haut les pro­messes éternelles. Charmante, intelligente, riche souvent, elle avait tout sacriüé et elle était, dans cette atmosphère empestée, attentive aux souffrances de tous, soignant avec un dévouement souriant des plaies parfois dégoûtantes, préférant à tout ce titre de servante des pauvres, c'est-à-dire des enfants de Dieu .

Désormais, le malheureux na plus même le droit despérer dans une patrie céleste. Chien malencontreux qui, de sa vie, na jamais trouvé un bon os, il sera enfoui comme les bêtes, perinde ac jumenta...

Cette persécution du moribond, cette laïcisation, contre laquelle ont protesté 7(> médecins sur 8<), est peut-être le crime des crimes parmi tant dactes abominables. Si quelque savant eût découvert un breuvage conso­lateur, ne se hâterai t-on pas d'acheter Jes précieuses fioles qui contien-