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LA FRANCE JUIVE
môlée une infirmière laïque. Au cours de l'audience où elle avait été appelée comme témoin, le président lui adressa l’apostrophe suivante : « Vous ôtes infirmière laïque à l’hôpital Saint-Louis , et vous passez vos nuits chez les marchands de vin. » Le public s’est associé par ses murmures à la juste indignation du président.
Mesdemoiselles ou mesdames les infirmières laïques tiennent, paraît- il, à occuper sans cesse les journaux do leurs honorables et sympathique personnes.
Eh bien! soit, nous parlerons d’elles puisqu’elles le veulent, et rapporterons fidèlement leurs exploits pour la plus grande édification de ceux qui les liront.
Avant-hier nous racontions l’histoire de cette jeune fille, du nom de Thuvenat, qui, après avoir passé cinq de ses plus belles années dans une maison de correction, était devenue infirmière du Gouvernement; puis, après avoir été chassée de l’hôpital Tenon, où elle avait été appelée pour remplacer les Sœurs, s'était lancée dans une vie de plaisirs et de fêtes au milieu des soldats du f c de ligne, et, finalement réintégrée par M. Quentin dans ses fonctions de consolatrice des malades, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris pour les avoir trop bien soignés.
Aujourd’hui, la vénérable dame dont il s’agit est accusée par le président de la ff chambre dépasser ses nuits chez les marchands de vin, au lieu de les passer à l’hôpital où elle est infirmière.
On peut donc dire que, devant le tribunal correctionnel de Paris , les infirmières laïques se suivent et se ressemblent.
Quel joli monde, que le monde de M. Quentin ! Quel monde tout il fait propre à la tâche qu’on lui donne! Quels soins empressés doivent recevoir de pauvres malades de femmes qui passent leurs nuits chez les marchands de vin!
Ges faits, qui se multiplient de jours en jour et qui nous montrent quel désordre règne dans les hôpitaux, nous les opposons aux partisans de la laïcisation.
Au mois d’avril 1881, l’infirmier Nermel, de Lariboisière , est condamne •à deux mois de prison par la onzième chambre pour avoir à moitié assommé un malade qui voulait l’empêcher de voler du vin.
Le Cri du Peuple ' donne sur l’asile de Bicètre, où régne en maître Botirneville, l’athée frénétique, le cumulard jamais satisfait, qui est h la fois député, rédacteur en chef d’un journal, et médecin en chef de Bicè- tre, des détails qui font véritablement horreur. Les salles, qui ne sont balayées que lors des visites officielles, sont dans un état de malpropreté repoussant. Les infirmiers se font un jeu de frapper les malheureux fous à coups de poing ou à coups de clef ; quand ils sont en belle humeur, ils garrottent l’infortuné qui leur tombe sous la main, et le livrent au bai-
1. cri i(u Pi nj-lr, du r, novembre I88ï.