PARIS JUIF ET F A SOCIÉTÉ FRANÇAISE
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Gambetta, c’est un des trois grands mépriseurs d’hommes de l’époque, mais le mépris chez lui n’est tempéré par rien. Si Bismarck a pu apprécier toute la lâcheté humaine dans les diplomates et les politiques à genoux- devant sa fortune, il ne peut méconnaître les beaux côtés de l’humanité quand il songe à tant d’obscurs héros qui se sont sacrifiés pour la gloire de l’Allemagne . S’il avait dans son entourage les plus effrayants échantillons de la servilité, Gambetta pouvait se rappeler, qu’au commencement de sa carrière, beaucoup d’êtres désintéressés et naïfs l’avaient soutenu en croyant aider au triomphe d’un principe. Hirsch n’a jamais vu dans sa vie un être humain quise soit adressé à lui autrement que pour lui demander de l’argent.
Il a grandi à mesure que la France s’abaissait. Il y a quelques années à peine, les déclassés du monde eux-mêmes refusaient ses invitations; aujourd’hui les plus qualifiés sont heureux de monter le fameux escalier. Get escalier, disons-le en passant, ne justifie guère la bruyante admiration dont il est l’objet. L'architecte l’a signé comme Raphaël aurait signé un de ses tableaux : Émile Peyre fec. Véritablement il n’y a pas de quoi être si content de soi. On ne peut imaginer rien de plus incohérent et de plus disproportionné que cet escalier; il est assez large à sa base pour qu’un régiment puisse y défiler, il est si étroit au sommet qu’on croirait qu’il ressemble au reste de la maison et que c’est un escalier dérobé.
C’est du haut de cet escalier que le baron dit un jour à son fils, en regardant monter les ducs, les princes et les marquis : « Vous voyez tous ces gens-là; dans vingt ans, ils seront tous nos gendres ou nos concierges. »
L’été, les visiteurs se pressent à Beauregard. Qui ne voudrait pénétrer dans la salle à manger?
C’est, dit l’Évènement, qui se connaît en raffinements mondains presque autant que le Gaulois , une pièce absolument remarquable dont les portes et les boiseries de noyer sculpté sont des merveilles. Quatre grandes baies vitrées versent le jour et découvrent de toutes parts l’horizon qui se reflète dans l’immense glace formant le panneau du fond. En sorte que, pendant qu’on dîne, les yeux sont charmés par le spectacle féerique et toujours renaissant donné par la nature.
Le Dressiny room « blotti entre la serre et la chambre à coucher de la baronne » n’est pas mal non plus.
D’un style Louis XV très pur, il a été très exactement copié sur celui qu’une Électrice de Bavière s’était aménagé au palais de Nymphenbourg.