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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET F A SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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Gambetta, cest un des trois grands mépriseurs dhommes de lépoque, mais le mépris chez lui nest tempéré par rien. Si Bismarck a pu appré­cier toute la lâcheté humaine dans les diplomates et les politiques à genoux- devant sa fortune, il ne peut méconnaître les beaux côtés de lhumanité quand il songe à tant dobscurs héros qui se sont sacrifiés pour la gloire de lAllemagne . Sil avait dans son entourage les plus effrayants échantillons de la servilité, Gambetta pouvait se rappeler, quau commencement de sa carrière, beaucoup dêtres désintéressés et naïfs lavaient soutenu en croyant aider au triomphe dun principe. Hirsch na jamais vu dans sa vie un être humain quise soit adressé à lui autrement que pour lui deman­der de largent.

Il a grandi à mesure que la France sabaissait. Il y a quelques années à peine, les déclassés du monde eux-mêmes refusaient ses invitations; aujourdhui les plus qualifiés sont heureux de monter le fameux escalier. Get escalier, disons-le en passant, ne justifie guère la bruyante admiration dont il est lobjet. L'architecte la signé comme Raphaël aurait signé un de ses tableaux : Émile Peyre fec. Véritablement il ny a pas de quoi être si content de soi. On ne peut imaginer rien de plus incohérent et de plus disproportionné que cet escalier; il est assez large à sa base pour quun régiment puisse y défiler, il est si étroit au sommet quon croirait quil ressemble au reste de la maison et que cest un escalier dérobé.

Cest du haut de cet escalier que le baron dit un jour à son fils, en regardant monter les ducs, les princes et les marquis : « Vous voyez tous ces gens-; dans vingt ans, ils seront tous nos gendres ou nos concier­ges. »

Lété, les visiteurs se pressent à Beauregard. Qui ne voudrait pénétrer dans la salle à manger?

Cest, dit lÉvènement, qui se connaît en raffinements mondains pres­que autant que le Gaulois , une pièce absolument remarquable dont les portes et les boiseries de noyer sculpté sont des merveilles. Quatre gran­des baies vitrées versent le jour et découvrent de toutes parts lhorizon qui se reflète dans limmense glace formant le panneau du fond. En sorte que, pendant quon dîne, les yeux sont charmés par le spectacle féerique et toujours renaissant donné par la nature.

Le Dressiny room « blotti entre la serre et la chambre à coucher de la baronne » nest pas mal non plus.

Dun style Louis XV très pur, il a été très exactement copié sur celui quune Électrice de Bavière sétait aménagé au palais de Nymphenbourg.