LA FRANCE JUIVE
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Que faire contre cette persécution? Rien. C’est la persécution perfectionnée que prévoyait Desmoulins lorsqu’il écrivait : « Ce sont les despotes maladroits qui se servent des bayonnettes; l’art de la tyrannie est de faire la même chose avec des juges. »
Iæ régime autoritaire, cette centralisation toute-puissante, déjà si lourde quand la machine gouvernementale était dirigée par des hommes qui avaient un fragment de conscience, qui, tout au moins, se rattachaient aux traditions françaises, est devenu un effroyable instrument d’oppression entre les mains de vagabonds d’hier, d’étrangers fraîchement naturalisés, de Juifs vindicatifs et haineux. Magistrats, commissaires, agents, tout cela est uni par la communauté d’origine. Tous ont fait à peu près les mêmes métiers autrefois, ont vécu entre deux peurs des mêmes industries suspectes. Si vous aviez à vous plaindre de quelque abus de pouvoir, je ne pense pas que vous trouviez grande protection auprès de Cartier, l’ancien homme de confiance de Crémieux, qui déclare, dans une réunion électorale, que « Dieu , la famille et la propriété sont des balançoires. » Quant aux commissaires, il n’est pas de jour, où à la suité de quelque aventure trop éclatante, l’un deux ne quitte son cabinet pour une cellule à Mazas. L’un, magistrat et marchand de vin à la fois, est poursuivi pour escroquerie. L’autre, un nommé Rougeau, celui-là opérait à Saint-Denis ,
crite, cette affectation déclamatoire de sentiments mensongers. L'homme qui criait à sa femme après le crime : « Tu as bien fait, ma Jeannette! èt qui trouvait tout simple qu’on tue un meurt-de-faim pour quelques cancans de portière, regrettait jadis dans les Jours de combul de ne pas être le bon Dieu pour empêcher le soleil de se lever le jour où l’on exécute quelque misérable qui a coupé sa mère en morceaux ou étranglé son vieux père :
.... (Juami la foule attend qu’en se levant Le jour livre au bourreau un assassin vivant,
Cet homme-là, fiit-il encore plus infâme,
Je le plains, et je plains sa mère, pauvre femme,
Qui lui donna son lait et qui l’aime toujours.
Je me dis qu'aux appels sacrés les cœurs sont sourds, (Jue les sociétés devraient être meilleures ; iju'un siècle de douleurs, condensé dans six heures, Est vécu par tous ceux qu’on jette à l'échafaud ;
(Jue l'on n'a pas de droit sur la tombe, et qu’il faut Etre juste et tuer enfin la guillotine.
Toute l'humanité respire en ma poitrine,
Tout le sang qu’on versa bout dans ma veine en feu, Et moi qui ne crois pas. je vouraids être Dieu ,
Car lorsque je verrais que le bourreau s'apprête A supprimer un être, à couper une tête,
A corriger le mal par un excès du mal.
J'empêcherais le jour de donner le signal
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