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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

société, sa raison dêtre, est dempêcher quon ne le dépouille, soit par la violence, soit par la ruse, du fruit'de ce travail.

Si lancienne société put vivre tranquille et* heureuse, sans connaître les guerres sociales, les insurrections, les grèves, ce fut parce quelle reposait sur ce principe : « Pas de bénéfice sans travail. » Les nobles devaient combattre pour ceux qui travaillaient; tout membre dune corpo­ration était tenu de travailler lui-même, et il lui était interdit dexploiter, grâce à un capital quelconque, dautres créatures humaines, de percevoir sur le labeur du compagnon et de lapprenti aucun gain illicite.

Cest une des prétentions sottes de notre temps que de croire quil a inventé léconomie politique. Ceux qui soccupaient alors de ces questions nétaient point sans doute, comme aujourdhui, des membres de lInstilut, Malthusiens hypocrites et lubriques, .des orateurs* de réunions publiques irrités du spectacle de la misère et préoccupés de sattirer les applaudis­sements de la foule en flattant ses passions. Cétaient les saints eux-mêmes qui cherchaient à mettre lharmonie sur la terre; des rois comme saint Louis, discutant au palais, avec Etienne Boileau, lorganis&tiun du travail ; des moines comme saint Thomas dAquin, sefforçant de définir le caruc-r tère du crédit. Ce crédit, saint Thomas dAquin le voulait chrétien et non judaïque; il entendait quil fût une aide donnée par un frère à son frère, et non une exploitation, un moyen dopprimer cruellement ceux qui nont rien et de dépouiller ceux qui ont peu et qui ^veulent avoir davantage sans se donner la peine de le gagner. Volontiers il eût appelé Targeût, dont on fait un usage abusif, du nom que le peuple lui donne aujourd'hui ; il leût appelé l 'infâme capital.

Avant lui, saint Jean Chrysostome sétait élevé contre lagent paresseux et avide à Ta fois qui, sans travail, veut réaliser des gains odieux. « Quoi de . plus déraisonnable, avait-il dit, que de semer sans terre, sans pluie, sans charrue? Aussi tous ceux qui sadonnent à cette damnable agriculture nen moissonnent-ils que de livraie qui sera jetée dans les flammes*éter­nelles..Retranchons donc ces enfantements monstrueux de lor et de largent, étouffons cette exécrable fécondité ! »

Les disciples de saint François dAssise, le sublime mendiant qui aima tant les pauvres quil voulut être encore plus pauvre queux, eurent, avec le sûr Tnslinct que donne lamour, la compréhension très nette de ces problèmes.

Aujourdhui, grâce au Juif, largent, auquel le monde chrétien natta­chait quune importance secondaire, et nassignait quun rôle subalterne, est devenu tout-puissant. La puissance capitaliste concentrée dans un petit