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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

avec an millionnaire ou avec un besogneux, il faut lui rappeler à chaque instant qui vous êtes et qui il est...

Une autre cause rend le Juif peu propre aux relations lon se pro­pose un autre but que lintérêt, cest la monotonie du type ; il na point cette culture raffinée, ce superflu intellectuel, chose si nécessaire, qui est le sel de tout entretien; on ne rencontre que très rarement chez lui ces théories brillantes et chimériques, ces aperçus piquants, ces paradoxes amusants que certains causeurs sèment au hasard dans leurs propos. Sil était fourni de ces idées, le Juif se garderait bien de les gaspiller entre camarades et il tâcherait den tirer de largent, mais en réalité il vit sur la masse. Cest un monocorde, et la causerie la plus longue noffre nulle sur­prise avec lui.

Tandis que la race aryenne comporte une variété infinie dorganisa­tions et de tempéraments, le Juif, lui, ressemble toujours à un autre Juif; il na point de facultés, mais .une aptitude unique, qui sapplique à tout : la Thebouna, cette subtilité pratique si vantée par les Moschlim, ce don merveilleux et inanalysable qui est le même chez lhomme politique que chez le courtier et qui le sert si admirablement dans la vie.

Cest le Juif nature quil faut voir pour comprendre le Juif civilisé. Le Schlossberg de Presbourg particulièrement donne bien une idée de létat intermédiaire entre le Juif sordide de la Galicie et le Juif presque élégant des capitales.

Figurez-vous aux flancs dune montagne une chaussée qui grimpe aride, poussiéreuse, blanchâtre. A droite et à gauche, des échoppes ou de petites maisons basses comme celles dOrient, garnies de barreaux comme au Moyen Age. Suï la voie publique grouille pêle-mêle, au milieu de dé­froques de toutes sortes, de vieilles ferrailles, de meubles disparates, de tas de légumes, de monceaux dordures, une population de sept à huit mille Juifs. *

Il y a des vieux étonnants de laideur à côté de jeunes filles adorable-, ment belles drapées dans des haillons; la redingote domine néanmoins chez les hommes qui se rattachent au présent par le chapeau haut de forme, et au passé par les pieds nus qui contrastent avec la coiffure.

Laspect général cependant éveille plutôt le sentiment de la vie mo­derne quune impression dautrefois. A vrai dire, il semble à chaque ins­tant reconnaître des figures de connaissance, et ce coin de ghetto a lair dun petit Paris. Ces deux youtres à mine futée en train de dépecer les dé­cors dun théâtre, nest-ce pas Dreyfus et Lockroy ? Cet homme vautré sut