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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Pékin. On ne les rencontre plus aujourdhui quà Kai-Fou, chef-lieu du département du môme nom Khai-Fou-Fou, ainsi que de la province et du gouvernement de Khouan, ville jadis immense et très peuplée, fort réduite après un'' inondation survenue en 1642, située au sud et à deux lieues environ du fleuve Jaune , par 32°52' de latitude nord et 1°56'30* de longi­tude occidentale comptée de Pékin .

Les Israélites chinois ont un respect particulier pour le livre dEsther quils appellent Ipetha marna (la grande mère). Leurs rouleaux de la Thora nont ni points ni virgules, sous prétexte que Dieu a dicté la Loi si vite à Moïse quil na pu mettre la ponctuation.

Parmi ces dispersés de la famille dIsraël , les Falachas sont peut-être les plus intéressants.

Ils habitent, dit M. Joseph Halévy dans son rapport sur sa mission en Abyssinie, dans les provinces de Ghiré, dAdubo , dAsguedié, dans le nord ; leur teint est noir - sans être nègre ; ils portent ou des noms hébreux pro­noncés daprès lhabitude abyssienne, ou des noms de circonstance, selon la coutume des anciens Hébreux et de la race Queez. Ils prétendent être les descendants des délégués juifs qui formaient un cortège dhonneur pour Maqueda, la fameuse reine de Saba, et pour son fils Menilek qui avait le roi Salomon pour père.

Les Abyssins parlent sans cesse de Jérusalem et comptent bien sur la restauration de la nationalité juive .

Quoique les Juifs ne soient guère tendres pour nous, lhistoire dun exode manqué de ces pauvres gens ma ému malgré moi. Un jour, Théodo- ros couche en joue un prêtre Falachas. Épouvantés, les malheureux se décident brusquement à se mettre en route pour cette Jérusalem dont le nom revient continuellement dans leurs entretiens. Ils abandonnent leurs cabanes, les vieillards prennent la tête de la caravane en chantant des hymnes et en agitant des branches darbres. Personne ne se doute dans la troupe de ce que cest que le vaste universels sattendent tous à rencontrer la mer Rouge et à la franchir à pieds secs comme ont fait leurs pères. Bien- , tôt ils succombent de fatigue, ils voient lespace sélargir toujours devant eux ; exténués ils sarrêtent à Axoum , dans le Tigré, et prennent le parti de revenir en arrière.

Hélas ! les hyènes et les scorpions ont pris possession des huttes aban­données. Pour punir les fuyards on veut leur arracher leur Pentateuque,et ils sont obligés de sacrifier leur dernière vache pour sauver leur précieux livre.

La scélératesse humaine est partout la même. De quelque côté que lon regarde, on rencontre la tristesse et la persécution. Au bout du monde,