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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

donnait quelques ducats au père éploré; les journaux libéraux français qui applaudissaient à lunité italienne , comme ils devaient, avec leur patrio­tisme ordinaire, applaudir à lunité allemande, entonnaient leur grand air de bravoure contre le fanatisme éternel, le Saint-Office, le despotisme papal ; ils versaient des larmes sur ce père quils appelaient « une victime sacerdotale ».

La mort de Gavour et loccupation de Rome par les Italiens ruinèrent ce pauvre Mortara quon mit au rancart dès quon neut plus besoin de lui ; accusé dassassinat, il passa devant la cour dassises de Bologne , le 28 octobre 1871, et il eut la chance dêtre acquitté, grâce à lappui des Francs-Maçons .

Daprès un journal allemand , lElbf-Zeitung , Victor Salmon dit Victor Noir aurait été le petit-fils dun Juif du Palatinat appelé Salme ou Salomon, qui était dans sa jeunesse et jusquen 1789 ministre officiant à Kirchheimbolandam. Lorsque le Palatinat devint province française, ce Salomon sengagea, je ne sais à la suite de quelles vicissitudes, dans larmée italienne, y devint officier, abandonna larmée pour se marier, entreprit un petit commerce, ny réussit pas et vint se fixer à Paris il vécut en donnant des leçons.

Je dois dire que ce récit reproduit, sous réserve, il est Vrai, par les Archives Israélites (n° du 1 er mai 1870), a été déclaré inexact par le frère de Victor Noir , au moment de la publication de la France Juive, dans une lettre qui me paraît concluante.

Un peintre vexé expose une charge dun goût douteux. Le personnage raillé, maître incontesté du théâtre contemporain, académicien, auteur de vingt chefs-dœuvre, fort au-dessus de pareilles plaisanteries, hausse les épaules et tout au plus, sur le conseil de ceux que Girardin nommait des « amis mortels », se prépare paisiblement à intenter un procès. Un Juif se trouve, éprouve le besoin de faire parler de lui, et il se permet, lui inca­pable de produire une œuvre dart, de venir abîmer brutalement une créa­tion artistique. Toutes les sympathies, qui étaient pour le vétéran des lettres françaises, se retournent immédiatement vers le peintre.

Supposez un élève de nos religieux, indigné par la vue de ces ignobles caricatures les maîtres qui ont élevé tant de générations dhommes éminents sont représentés dans des attitudes obscènes, supposez-le, dis-je, déchirant brusquement une image ordurière. Vous entendez dici le commissaire de police :

Môsieu, la propriété est sacrée, nul na le droit de se faire justice