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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF

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ainsi. Que veut dire patrie? Terre des pères. Le sentiment de la patrie se grave dans le cœur à la façon des noms écrits sur un arbre et que chaque année qui passe creuse et enfonce plus profondément dans lécorce à mesure que larbre vieillit, de façon à ce que larbre et le nom ne fassent quun. On ne simprovise pas patriote; on lest dans le sang, dans les moelles.

Le Sémite , perpétuellement nomade, peut-il éprouver des impressions aussi durables?

Sans doute on peut changer de patrie comme certains Italiens lont fait au moment de larrivée en France de Catherine de Médicis , comme les protestants français au moment de la révocation de lédit de Nantes . Mais pour que ces transplantations réussissent, il faut que le sol moral soit le même à peu près que celui que lon quitte, il faut que sous lhumus de surface il y ait le fonds chrétien.

La première condition, en outre, pour adopter une autre patrie, cest de renoncer à la sienne. Or, le Juif a une patrie à laquelle il ne renonce jamais, cest Jérusalem , la sainte et mystérieuse cité, Jérusalem , qui, triom­phante ou persécutée, joyeuse ou attristée, sert de lien à tous ses enfants qui, chaque année, au Rosch Haschana se disent:« Lan prochain à Jérusalem ! »

En dehors de Jérusalem , tout pays, que ce soit la France , lAllemagne ou lAngleterre, est simplement pour le Juif un séjour, un lieu quel- conque, une agglomération sociale au milieu de laquelle il peut se trouver bien, dont il peut même lui être profitable de servir momentanément les intérêts, mais dont il ne fait partie quà létat dassocié libre, de membre temporaire.

Ici nous touchons à un point que nous avons déjà indiqué et sur lequel nous aurons encore à revenir : laffaissement incontestable de lintelligence française , le ramollissement partiel qui se traduit à la fois par un sympatliisme vague qui consiste à aimer tout le monde et par une sorte de haine envieuse qui nous pousse à nous détester entre nous. Cest le cas de certains déments qui déshéritent leurs enfants et accablent de bons procédés les étrangers.

Si le cerveau de nos concitoyens fonctionnait de la façon régulière et normale dont fonctionnait le cerveau de leurs pères, ils seraient vite convaincus que le Juif na absolument aucun motif dêtre patriote

Réfléchissez une minute et demandez-vous pourquoi un Raynal, un Bichoffsheim, un Leven seraient attachés à la France des Croisades , de Bouvines , de Marignan, de Fontenoy, de saint Louis, de Henri IV et de Louis XIV .