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Deutz parle comme un brave député de l’Union républicaine, comme son coreligionnaire Gambetta, il dirait volontiers : « Le cléricalisme, c’est l’ennemi. »
Get écrit, dit-il 1 2 * * , n’est pas une justification qu’il présente à ses juges; il n’en a pas besoin, et sa conscience, le plus intègre et le plus sévère des juges, lui dit assez qu’en étouffant la guerre civile près de se rallumer plus active et plus dévorante, en épargnant le sang de tant db généreux citoyens, en frappant de mort ce parti, irréconciliable ennemi de nos libertés, il a rendu au pays un immense service 5 .
J’ai sacrifié, conclut-il, à mes convictions de citoyen mes intérêts d’bomme.
Grémieux, le futur patron de Gambetta, trouve cela fort beau. La définition de l’intention par ce parfait républicain remplirait de joie ce loyal Paul Bert auprès duquel ce pauvre Escobar n’est qu’un enfant.
L’intention, dit le casuiste rouge, est sans aucun doute ce qui constitue l’innocence ou le crime ; mais l’intention ne se produit pas tout de suite au grand jour, et quand les actes sont de prime abord de nature à soulever la conscience, ce n’est pas l’intention qu’on recherche, ce sont les actes qu’on voit et qu’on juge.
Aux équivoques et aux arguties de Grémieux, on est heureux de pouvoir opposer la lettre adressée par M. Alexandre Dumas à M. Nauroy, le 13 mars 1883.
La scène que décrit Dumas est vraiment dramatique et belle.
Voici, d’ailleurs, la lettre en entier.
Monsieur,
Voici le fait.
J’ai eu pour camarade de collège, et pour ami intime depuis, Henri Didier, député de l’Ariège sous l’Empire, mort en 1868. Il était le petit-fils de Didier, fusillé à Grenoble sous la Restauration, à la suite d’une conspiration bonapartiste, et fils du Didier qui était secrétaire général au minis-
1. Deutz : Arrestation de Madame. Lire également dans les Mémoires de M. de Viel- Castel , tome II, le récit d’une étrange conversation à propos de Deutz entre le maréchal Bugeaud et Romieu.
2. Remarquez que le gaillard n’est pas plus Français que Spuller qui est né de parents Badois ou que Leven; qu’il est né à Francfort , et qu’il n’a aucune espèce de raison pour se mêler de nos affaires.
Ce Deutz est intéressant, en ce sens qu’il est en quelque sorte le précurseur de tous les
entremetteurs d’affaires d’outre-Rhin : les Spuller, les Leven, les Reinach, les Strauss, les Bauër, les Meyer, les Wolff, les Blowitz qui se sont abattus sur notre malheureux pays à la fin de l'Empire et y ont pris une telle place depuis la République .
Toute cette famille de Deutz semble sortir d’un roman de Disraeli.