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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Deutz parle comme un brave député de lUnion républicaine, comme son coreligionnaire Gambetta, il dirait volontiers : « Le cléricalisme, cest lennemi. »

Get écrit, dit-il 1 2 * * , nest pas une justification quil présente à ses juges; il nen a pas besoin, et sa conscience, le plus intègre et le plus sévère des juges, lui dit assez quen étouffant la guerre civile près de se rallumer plus active et plus dévorante, en épargnant le sang de tant db généreux citoyens, en frappant de mort ce parti, irréconciliable ennemi de nos libertés, il a rendu au pays un immense service 5 .

Jai sacrifié, conclut-il, à mes convictions de citoyen mes intérêts dbomme.

Grémieux, le futur patron de Gambetta, trouve cela fort beau. La défini­tion de lintention par ce parfait républicain remplirait de joie ce loyal Paul Bert auprès duquel ce pauvre Escobar nest quun enfant.

Lintention, dit le casuiste rouge, est sans aucun doute ce qui constitue linnocence ou le crime ; mais lintention ne se produit pas tout de suite au grand jour, et quand les actes sont de prime abord de nature à soulever la conscience, ce nest pas lintention quon recherche, ce sont les actes quon voit et quon juge.

Aux équivoques et aux arguties de Grémieux, on est heureux de pou­voir opposer la lettre adressée par M. Alexandre Dumas à M. Nauroy, le 13 mars 1883.

La scène que décrit Dumas est vraiment dramatique et belle.

Voici, dailleurs, la lettre en entier.

Monsieur,

Voici le fait.

Jai eu pour camarade de collège, et pour ami intime depuis, Henri Didier, député de lAriège sous lEmpire, mort en 1868. Il était le petit-fils de Didier, fusillé à Grenoble sous la Restauration, à la suite dune conspi­ration bonapartiste, et fils du Didier qui était secrétaire général au minis-

1. Deutz : Arrestation de Madame. Lire également dans les Mémoires de M. de Viel- Castel , tome II, le récit dune étrange conversation à propos de Deutz entre le maréchal Bugeaud et Romieu.

2. Remarquez que le gaillard nest pas plus Français que Spuller qui est de parents Badois ou que Leven; quil est à Francfort , et quil na aucune espèce de raison pour se mêler de nos affaires.

Ce Deutz est intéressant, en ce sens quil est en quelque sorte le précurseur de tous les

entremetteurs daffaires doutre-Rhin : les Spuller, les Leven, les Reinach, les Strauss, les Bauër, les Meyer, les Wolff, les Blowitz qui se sont abattus sur notre malheureux pays à la fin de l'Empire et y ont pris une telle place depuis la République .

Toute cette famille de Deutz semble sortir dun roman de Disraeli.