74
LA FRANCE JUIVE
Le Juif Jean David, directeur du Crédit national, enlève plus de trois millions aux malheureux qui lui ont confié leurs fonds. Douze cents personnes l’accusent d’abus de confiance, et nos incorruptibles magistrats, qui ont refusé un délai de trois jours pour réunir une assemblée d’actionnaires aux directeurs de YUnian générale contre lesquels une seule plainte, plainte absolument injustifiable, avait été déposée, laissent tranquillement partir David. Ce n’est que par défaut qu’il est condamné par la onzième chambre correctionnelle à dix ans de prison, à 3,000 francs d’amende et à cinq ans de surveillance, ce qui, vous pouvez m’en croire, lui est bien égal.
Quand on fit une perquisition chez ce David, on y trouva deux cents lettres de députés. Un magistrat honnête, qui prit sur lui de l’arrêter une première fois au moment où il allait fuir, saisit sur lui quarante mille francs; dix mille francs, par une bienveillance excessive encore, furent remis à la femme du misérable, qui porte un nom illustre dans l’histoire des arts, trente mille francs déposés au greffe. Le Domaine refusa de profiter de l’occasion pour rentrer dans les amendes qui lui étaient dues, et, grâce aux démarches d’hommes politiques, David put aller jouir tranquillement à l’étranger du produit de ses vols.
Sans doute on rencontre encore par-ci par-là quelques substituts naïfs qui prennent leur mission au sérieux et qui n’hésitent pas à flétrir les tripoteurs, même quand ils sont Juifs. M. le substitut Bulot eut ce courage dans l'affaire de Brelay et d’un second Jean David qui avait été un des acolytes de Gambetta *.
que brochure, et M, Henry Maret , à la tribune, ont donné quelques indications sqr ce point.
Quant à la question du vol de l’hôtel des Postes, elle n’a jamais été abordée à fond.
Le Juif Édouard Millaud, pour mettre Cochery à l’aise, a l’obligeance de lui adresser une question dans la commission des finances du Sénat, au mois de mars 1884, Cochery lui répond que la perte se monte à peine à 9,414 francs. « Très bien, dit le compère Millaud, cela doit être d’autant plus vrai qu’au moment du vol vous aves publié une note très circonstanciée d’après laquelle le montant des valeurs soustraites se montait à un million, » Ce Juif est réellement d’une discrétion touchante. A sa place je n’aurais pas pu m’empêcher de demander nettement au ministre des Postes comment il s’expliquait qu’un voleur ait pu savoir que le sac où étaient déposées les valeurs, déclarées ou recommandées, à distribuer le lendemain était placé, dans la nuit du 16 au 17 avril 1882, dans une armoire spéciale, comment on a pu, sans briser cette armoire blindée, ouvrir, pour prendre le sac, deux serrures aux clefs différentes.
L’administration des Postes est devenue une véritable forêt de Bond y. Une partie des employés s'empare des correspondances pour le cabinet noir dont les débats de l’affaire Saint-Elme à la Chambre ont révélé officiellement l’existence; l’autre ouvre ce qui reste pour prendre les valeurs qui peuvent s’y trouver.
1. M. Paul de Cassagnac, dans un jour de verve, a tracé de ce Jean David, qui est mort