LE JUIF
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Le théâtre de l’Ambigu-Gomique, raconte encore M. Hallays-Dabot, voulut reprendre un drame, le Juif de Venise , joué en 1851 Le drame était un arrangement de l’œuvre de Shakespeare . Qu’allait devenir Shylock , l’immortelle création qui fait revivre les siècles d’oppression que la race juive eut à traverser, ses luttes sourdes contre le chrétien, ses joies, ses triomphes, ses humiliations; Shylock , la ligure saisissante dont le rire sarcastique et les cris de désespoir éclairent tout un côté sombre de la vie du Moyen Age ? Le vieux Juif dut subir la loi commune. Le souvenir de Shakespeare , le côté légendaire du personnage, l’époque et le lieu de l’action, rien ne sauva Shylock . Le farouche circoncis dut dépouiller sa physionomie caractéristique pour devenir un banal usurier vénitien. La pièce fut reprise sous le titre : Shylock ou le Marchand de Venise.
Imaginez qu’on ait jamais fait subir une pareille mutilation à l’œuvre d’un des plus grands génies de l’humanité, pour ne pas froisser les Chrétiens, et vous entendez d’ici les protestations de Paul Meurice et de ' Lockroy.
Mais n’est-ce pas bien juif tout cela? La race n’est-elle pas tout entière dans ce contraste : maintenant qu’ils sont les maîtres, ils vomissent sur nous tous les excréments qu’avait avalés Ezéchiel ; quand ils n’étaient encore qu’une infime minorité, ils ne supportaient pas qu’on touchât à eux et entonnaient immédiatement le grand air des principes de 89.
Je ne suis pas loin de croire, avec M. Alexandre Weill , que les prescriptions religieuses et hygiéniquesla fois de la loi de Moïse exercent une favorable iniluence sur la santé morale et physique du Sémite . La circoncision est évidemment un préservatif contre de précoces débauches qui émoussent les sens en les éveillant prématurément. Rien n’est sage et tendre en même temps comme les précautions très fidèlement observées dont les Juifs entourent à certains moments leur compagne :
La femme trois fois sainte et douze fois impure, comme le dit Alfred de Vigny .
Troubler la physiologie de la femme à certaines heures plus douloureuses encore pour l’âme que pour le corps, c’est troubler la source de la vie, c’est nuire aux générations futures.
Tout en reconnaissant avec quel scrupule les Juifs observent ces préceptes, il faut constater néanmoins que toutes les religions se sont occupées de ces questions. Des livres écrits spécialement pour les ministres du sacerdoce initient à ces secrets mystérieux les prêtres, qui, par état, doivent être chastes, et leur permettent de répondre à certaines interrogations d’une nature tout intime. Ces manuels du confesseur, ces livres de médecine morale restaient généralement à l’abri des regards comme les livres