96
LA FRANCE JUIVE
cesse, par le trouble de leur propre esprit, des peuples qui vivaient tranquilles et heureux tant que la race d’Israël ne s’est pas mêlée activement à leur existence. Que ce soit Hertzen en Russie, Karl Marx ou Lassalle en Allemagne, on trouve toujours, comme en France, un Juif prêchant le communisme ou le socialisme, demandant qu’on partage le bien des anciens habitants, pendant que leurs coreligionnaires, arrivés nu-pieds, s’enrichissent et ne se montrent pas disposés à partager quoi que ce soit.
Cette névrose semble se transmettre même à ceux dont la mère seulement est Juive. Dumas, à l’âge de trente ans, a traversé une crise terrible sous ce rapport.
Qui ne se rappelle encore Feyghine, cette étrangère reçue au Théâtre- Français, parce qu’elle était d’origine juive, tandis qu’une Française et une chrétienne, qui n’aurait pas eu plus de talent qu’elle, n’aurait pas été seulement admise dans la loge [du concierge? N’était-elle pas dévorée par la névrose, bien avant que l’accès n’éclatât, la bizarre créature que Tour- gueneff a peinte sous le nom de Clara Militch ?
Sarah Bernhardt,'avec ses imaginations macabres, son cercueil de satin blanc dans sa chambre, est évidemment une malade '.
1. A propos des goûts mortuaires de Sarah Bernhardt, rappelons une histoire qui est jolie. Au moment de la première représentation de Fcedora, un de nos confrères, M. Félicien Champsaur avait imaginé de donner dans son journal une reproduction de la célèbre photographie de la comédienne couchée dans son cercueil. L’idée ne plut pas à Sarah, et elle ordonna la saisie qu’un ami fut chargé de faire opérer. Bouillant d’ardeur, il se précipite chez le commissaire qui était précisément celui qui trouvait charmant que le jour de la mi-carême on promenât sur les boulevards une caricature du Christ en Croix. '
— Monsieur le commissaire, il vient de paraître un dessin infâme.
— Qu’est-ce que vous me chantez-là? un pauvre vieux prêtre qu'on aura tourné en ridicule, un religieux représenté dans une attitude indécente. C’est la liberté cela, monsieur. Vive la liberté!
— Y pensez-vous? Savez-vous à qui oh ose s’attaquer? à une Juive, à Sarah!
— S’attaquer à une Juive, à Sarah ! Que me dites-vous? Je saisis, je saisis tout, je suis saisi moi-même....
Et abandonnant le prisonnier qu’il avait à interroger, il s’élance pour faire main basse sur tous les exemplaires séditieux.
Cela fait songer à l’aventure non moins amusante de Camescasse.
Au moment où les Juifs de Russie s'installèrent dans la Cité Doré, ils songèrent immédiatement à ouvrir un oratoire, et certes ce n’est pas moi qui les blâmerai. Quel que soit le Dieu que l’on prie, il est toujours bon de prier.
Malheureusement Camescasse n’était pas prévenu, et lorsqu’il lut sur le dossier : Ouverture d’un oratoire, il fut pris d’une indignation qu’on conçoit. Un oratoire!... une chapelle! criait-il éperdu. Caubel qui venait d’entrer, eut une congestion a ce mot de chapelle. « Une chapelle ! une chapelle ! hurlait-il entre deux hoquets. On va la leur fermer bien vite leur chapelle et mettre des scellés dessus! »
L’employé qui avait apporté le dossier essayait en vain de placer un mot.
— Permettez, messieurs, balbutiait-il.
— Permettre cela ! vociférait Canbet, que dirait la Clémente amitié et les Amis du Sinal
— Mais c’est un oratoire pour les Juifs de Russie, parvint à dire l’employé.