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LA FRANCE JUIVE
réels à l’état de personnages de parade, depuis vingt ans qu’ils mènent la politique européenne, cette politique est devenue véritablement déraisonnable et démente. Le mot de Bismarck : « Paris est une maison de fous habitée par des singes » s’applique parfaitement à la Prusse et à l’Europe . Il n’y a plus de trace dans les conseils de souverains d’une conscience, ni même d’une raison d’État un peu élevée.
L’histoire de ces dernières années, c’est le monde conduit par des fous raisonnants, ratiocinants, ayant, comme il arrive à la veille de la crise suprême, une logique apparente qui déconcerte au premier abord.
La névrose, par cela même qu’elle enlève au Juif tout sentiment de pudeur, toute réflexion, toute notion même de l’énormité de ce qu’il ose, met en circulation des types qui ne se rapprochent en rien de ceux qu’on a vus auparavant. Il y a, dans cet ordre, des improvisations de fortunes inouïes, des destinées extravagantes, des gageures gagnées contre le sens commun, devant lesquelles on reste littéralement confondu. Le Juif va toujours de l’avant, confiant dans le Mazzal.
Qu’est-ce que le Mazzal? Ce n’est ni le fatum antique, ni la Providence chrétienne, c’est le bon sort, la chance, l’étoile; toute vie juive semble un roman réalisé.
Prenez M me de Païva; elle naît dans une famille de Juifs polonais, les Lachmann *, elle épouse un pauvre petit tailleur de Moscou et l’abandonne pour venir à pied à Paris chercher aventure. Elle connaît sur le pavé
1. La marquise de Noailles, en premières noces, comtesse Schwlkoska, est également une Lachmann sans que nous sachions si la famille est la même. Ce mariage seul explique qu’un homme qui porte un tel nom serve le gouvernement des décrets.
Dans cette famille encore, quelle terrible indication il y aurait à recueillir au point de vue de l'hérédité et de la transmission de la névrose juive !
La mort du maréchal de Mouchy-Noailles, un des ancêtres de ce républicain, est un des épisodes les plus émouvants de la Révolution. Le Maréchal avait près de quatre-vingts ans, il fut guillotiné avec sa femme qui en avait soixante-six et ne figurait même pas dans l'acte d’accusation. « Lorsqu’on vint appeler le Maréchal, raconte un témoin, dans l’Histoire des prisons, pour le mener à la Conciergerie, il pria celui qui lui annonçait qu’il fallait descendre au greffe de ne point faire de bruit, afin que la Maréchale ne s’aperçût pas de son départ. Elle avait été malade les jours précédents, et elle était dans les remèdes. — Il faut qu’elle vienne aussi, _ui répondit-on, elle est sur la liste, je vais l’avertir de descendre. — Non, répondit le Maréchal; puisqu’il faut qu’elle vienne, c’est moi qui l’avertirai.» Il va aussitôt dans la chambre et lui dit : « Madame, il faut descendre; Dieu le veut; adorons ses desseins. Vous êtes chrétienne. Je pars avec vous, et je ne vous quitterai pas. » La nouvelle que M. de Mouchy et sa femme allaient au tribunal se répandit en peu de moments dans toutes les chambres. Le reste du jour fut pour les prisonniers un temps de deuil. Les uns s’éloignaient de leur passage, ne se sentant pas la force de soutenir ce spectacle; d’autres, au contraire, se rangeaient en haie, voulant leur témoigner une dernière fois leur respect et leur douleur. Quelqu’un éleva la voix et dit : « Courage, monsieur le Maréchal I » Il répondit d’un ton ferme : « A quinze ans, j’ai monté à l’assaut pour mon roi; à près de quatre-vingts, je monterai à l’échafaud pour mon Dieu ! »