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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Si les Juifs, en effet, ont gardé au plus profond deux-mêmes la notion

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dun Dieu unique, si leur mission providentielle a été de maintenir et de répandre cette foi dans le monde, la croyance en une vie future est chez eux très confuse et très vacillante, quoique les prières funèbres en fassent mention. Les Pharisiens eurent des tendances spiritualistes, mais les Saducéens, étaient absolument matérialistes. Il est à peine question de limmortalité de lâme dans le Pentateuque, et le seul texte qui en parle nettement dans lAncien Testament est ce verset de Daniel : « Beau­coup de ceux qui dorment dans la poussière se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle. »

La Misohna défend de sonder ces problèmes, et VAgadah rapporte à lappui de cette défense lhistoire de quatre docteurs, Ben-Azai, Ben- Zoma, Akiba et Acher qui osèrent saventurer « dans les avenues du Paradis ». Lun deux mourut, le second devint fou, Acher apostasia, Akiba seul se tira daffaire, grâce à son ferme bon sens.

M. Charles de Rémusat a eu parfaitement raison décrire à ce sujet :

Le Judaïsme, du moins le Judaïsme mosaïque, sil ne garde pas le si­lence sur la vie future, en parle si rarement, si obscurément quil a presque réalisé le paradoxe dune religion qui pourrait se passer du dogme sans lequel toute religion est inutile. Le législateur sacré des Hébreux semble avoir borné à ce monde tous les intérêts du peuple de Dieu. On ne peut pas aller aussi loin que saint Jean Ghrysostome et même que saint Tho­mas dAquin, qui veulent que la vie future leur ait été cachée, mais, au moins dans le Pentateuque, elle nest insinuée quen termes équivoques et susceptibles dune autre interprétation,et même,dans les livres postérieurs de lAncien Testament, elle demeure la plupart du temps supposée plutôt que professée. Au moins faut-il reconnaître avec saint Augustin, avec Grotius, Bossuet, Leibnitz, Fleury, que la religion juive ne mettait pas au premier rang, comme article fondamental, la certitude dune vie à venir avec toutes ses conséquences h

On devine que, dans ces conditions, lhorizon est étroit pour les Juifs fermés à ces belles espérances qui sont notre consolation et notre joie 2 .

videront la coupe. » Dans Berachoth (60 a), Abayé renouvelle encore cette défense de parler de la mort

Lusage de vider toute leau dune maison dans laquelle quelquun vient d'expirer est inspiré par le même sentiment. Cétait une façon dannoncer le décès au voisinage sans employer le mot néfaste.

t. Revue des Deux Mondes du 15 juillet 1S65.

2. Swedenborg, lilluminé qui a parfois des descriptions dignes du Dante, a vu des Juifs en grand nombre dans le séjour des avides ou dans lenfer excrémentiel de ceux qui nont vécu que pour la jouissance.

« La plus grande partie de cet enfer, dit-il, est composée de Juifs, qui ont été sordide-