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LA FRANCE JUIVE
de Garnac, mais l’accueil qu’il a reçu, malgré ses millions, d’une population où la foi est enracinée dans le cœur des habitants, a dû le convaincre que, s’il y avait là une tribu, elle était bien perdue pour lui' 1 .
Dans les Gaules, les Juifs retrouvèrent le mépris dont on les accablait à Rome. Tandis que le Christianisme, séparé complètement de toute alliance avec le Judaïsme considéré comme l’expression d’une race distincte, faisait partout de rapides progrès et ralliait à lui toutes les âmes et toutes les intelligences, les Juifs voyaient des peuples absolument étrangers aux préjugés romains redoubler spontanément de sévérité envers eux. Les Bur- gondes et les Visigotbs sont également durs pour eux. Le concile de Vannes, tenu en 465, défend aux ecclésiastiques de fréquenter les Juifs et de manger avec eux. Clotaire II leur retire, en 615, le droit d’intenter une action contre un chrétien; en 633 Dagobert II les expulse de ses États.
Toujours réprimés dans leurs usures, ils reviennent toujours à la charge, et, dans le commencement de la période carolingienne nous les trouvons plus puissants que jamais. Charlemagne adjoint un Juif aux ambassadeurs qu’il envoie à Haroun-al-Raschild. Sous des monarques faibles comme Louis le Débonnaire, ils donnent carrière à leur nature envahissante. Alors, comme aujourd’hui, ils ne se contentent pas d’obtenir le libre exercice de leur culte, ils veulent que les autres se gênent pour qu’ils ne soient pas gênés eux-mêmes ; ils font décréter, que les marchés ne se tiendront pas le samedi ; ils réclament l’exemption des droits qui pèsent sur les autres commerçants.
Gomme aujourd’hui, leur audace révolte chacun et l’archevêque de Lyon, Agobard, écrit son traité : de Insolentia Judeorum. Mettez une traduction moderne et même parisienne à cette protestation, écrivez un livre intitulé : de VAplomb ou du Toupet des Juifs, et vous aurez une brochure de la plus immédiate actualité.
Alors comme aujourd’hui, ils se faufilent dans le gouvernement. Sédé- cias a toute la confiance de Charles le Chauve qu’il empoisonne.
Attirés perpétuellement vers l'Orient par l’attraction de la race, les Juifs sont sans cesse en négociations avec les Sarrasins auxquels ils livrent Béziers, Narbonne et Toulouse. C’est à partir de ce dernier méfait que chaque année, le jour de Pâques, un Juif recevait trois soufflets à la porte de la cathédrale et payait treize livres de cire.
Jusqu’au xii* siècle leur condition semble toujours aller en s’amélio-
1. Nous avons un témoignage de la préoecupation des Juifs de se rattacher à l’élément celtique dans Nostradamus, Juif d’origine, qui, dans ses curieuses Centuries, a prédit le règne d'un monarque qui s'appellerait le Grand Celtique.