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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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Récits des arbres, comme ceux quécrivit Iochanan, fils de Zakhar; puis les apologues populaires et naïfs, les Meschelot Khobsem ou Récits des blan­chisseuses.

Les plus réussis de ces courts récits sont les Meschelot Schualim ou Fables des renards, qui jouent, nous lavons dit, un grand rôle dans lédu­cation des petits Israélites en leur apprenant de bonne Heure à être malins et à mettre dedans le goy.

Quelques fables de Berakhia : la Mouche et le Jour eau, les Deux Cerfs, le Taureau, le Lion et le Bouc sont jolies sans avoir rien dextraordinaire. Le Faisceau de baguettes dIsaac de Corbeii est plus piquant; la moralité résume tout le mouvement juif et pourrait être inscrite en épigraphe sous les mains enlacées de VAlliance israèlite universelle.

La fable orientale sera éternellement vraie. Si un homme lie en fais­ceau plusieurs baguettes, le plus fort des forts ne peut les rompre ; au contraire, si elles sont séparées, le plus faible des faibles les rompra très facilement.

Berakhia, lauteur de VHidoth Isopito, Similitudes ou Enigmes d'Ysopet, fait parfois songer à Florian. Joseph Ezobi de Perpignan, lauteur du poème Qu'arath kesef, lEcuelle d'argent, quil composa pour le mariage de son fils Samuel et quil lut aux noces, semble avoir été un peu le Gresset du xiii* siècle.

Les Juifs recherchaient surtout les tours de force, les difficultés vaincues, les acrostiches. Abraham Bedersi, auteur de l'Épée flamboyante et de plusieurs petits poèmes qui ont été réunis sous le titre de Divan, avait composé la Pétition des lamed, ainsi désignée parce que dans toute la pièce ne figurait pas une seule des lettres qui dans lalphabet sont au delà de L, et que, de plus, chaque mot de la pièce renfermait cette der­nière lettre.

Sans tomber dans la subtilité, on peut rattacher cette sorte de puérilité dans leffet et dindigence dans linspiration à limportance quont pris les mots aux dépens de lidée, à la stérilité prétentieuse qui règne partout depuis que les Juifs sont les maîtres de notre littérature.

On voit quil ny a rien qui ait beaucoup avancé lhistoire de la civi­lisation. Nous sommes loin du large souffle des chansons de geste, des improvisations pleines de couleur et de naïveté des trouvères et des ménestrels, loin de Jean Bodel et de Rutebœuf. Si on les eût laissé faire, les Juifs nous auraient peut-être donné lopérette quelques siècles plus tôt; cest tout ce quon peut dire de plus élogieux sur leur littérature.