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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Les jours de lopérette nétaient pas encore arrivés; cest la tragédie qui allait tomber sur tous ces aimables poètes.

Cest par le Midi, ils paraissaient le plus solidement installés, que commença le malheur des Juifs.

Disons tout dabord, en remontant un peu en arrière, que l'exemple dune partie de leurs coreligionnaires chassés d'Espagne et obligés de chercher un asile dans les florissantes Juiveries de Toulouse et de Nar­ bonne aurait les rendre prudents.

Au xi* siècle, les Juifs étaient tout-puissants en Espagne . Un des leurs, rabbi Samuel Ha Lévi, marchand épicier, se mêla aux guerres civiles, qui, par une coïncidence singulière, ont une intensité particulière partout il y a des Juifs, et devint favori du roi Habous.

Son fils, rabbi Joseph Ha Lévy, Nazi ou Naghid, cest-à-dire roi des Juifs, parvint à être vizir du roi Badis.

Ce fils dépicier tint la conduite que devait tenir plus tard Gambetta, Juif comme lui et fils dépicier comme lui. Il révolta tout le monde par son insolence (insolentia Judæorum ), il insulta grossièrement la religion du pays, et chacun bientôt neut plus quun désir, celui dêtre débarrassé de lui et de la clique quil traînait sur ses pas. « Le royaume alors, dit un historien arabe, valait moins que la lampe de nuit quand le jour est arrivé. »

Un poète religieux, le glorieux Abou Iskak Al Elbiri, alla de ville en ville, flétrissant les défaillances, prêchant le dévouement, réconciliant entre eux les Cindhadjites et les Berbères longtemps ennemis, récitant partout sa célèbre Kacida rimée en noun, pour exciter les courages. Par­tout on répétait avec lui le refrain de sa chanson : « Les Juifs sont devenus grands seigneurs,.ils régnent partout dans la capitale et dans les pro­

vinces ; ils ont des palais incrustés de marbre, ornés de fontaines ; ils sont magnifiquement vêtus et dînent somptueusement, tandis que vous êtes pauvrement vêtus et mal nourris. »

Figurez-vous un Déroulède vraiment patriote au lieu de sêtre enrégi­menté dans le parti de Gambetta par amour pour la réclame banale, un général nayant pas peur de la mort, quelques hommes du peuple coura­geux, tout cela se ruant un matin sur les hôtels des tripoteurs et des financiers juifs, et vous aurez une idée de la scène qui se passa à Grenade le jour du sabbat, 9 tebeth de lan 4827 (30 décembre 1066).

Le Gambetta du xi* siècle, qui navait pas eu lidée de mourir à temps, fut massacré avec quatre mille des siens.

La légende a conservé la mémoire du désintéressement superbe que