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LA FKANCE JUIVE
montra Aboi' Iskak. Quand, dans les jardins du persécuteur, la foule vint apporter au poète, devant lequel les chefs militaires avaient respectueusement abaissé leurs cimeterres sanglants, les monceaux d’or, les pierreries étincelantes, les colliers précieux, les étoiles chatoyantes, les objets d’art qui par milliers jonchaient le sol, Abou prit une grenade qui pendait à un arbre, l’ouvrit, en humecta ses lèvres et dit : « La chaleur est lourde aujourd’hui, j’avais soif ; partagez-vous ces trésors, mes enfants, mais n’oubliez pas de faire votre prière ce soir, car Dieu seul est grand. »
C’était des débris échappés à cette exécution que s’était grossie la colonie juive du Languedoc. Sans être instruits par l’expérience de ce qui venait d’arriver (quelle expérience instruira jamais les Juifs?), ils recommencèrent leurs intrigues; ils s’efforcèrent de corrompre le pays où ils étaient si bien accueillis, de lui arracher ses croyances; ils rendirent nécessaire la terrible croisade contre les Albigeois.
Quelles étaient au fond les doctrines des Albigeois? On n’en sait rien; il y avait de tout, des Manichéens, des Gnostiques, des Athées; dans toute affaire où le Juif figure, la confusion est telle qu’une chatte ne reconnaîtrait plus ses petits. Or le Judaïsme était au fond de tous ces troubles. « Les Juifs, dit Michelet, vivante image de l’Orient au milieu du christianisme, semblaient là pour entretenir la haine de la religion. Aux éponues de fléaux naturels, de catastrophes politiques, ils correspondaient, disait-on, avec les infidèles et les appelaient. » Ailleurs l’historien constate encore à quel point le Juif avait perverti les idées de la noblesse albigeoise.
La noblesse du Midi, qui ne différait guère de la bourgeoisie, était toute composée d’enfants de Juives ou de Sarrasines, gens d’esprit bien différent de la chevalerie ignorante et pieuse du Nord; elle avait pour la seconder et en grande affection les montagnards. Ces routiers maltraitaient les prêtres tout comme les paysans, habillaient leurs femmes de vêtements consacrés, battaient les clercs et leur faisaient chanter la messe par dérision. C’était encore un de leurs plaisirs de salir, de briser les images du Christ, de leur casser les bras et les jambes. Ils étaient chers aux princes précisément à cause de leur impiété qui les rendait insensibles aux censures ecclésiastiques. Impies comme nos modernes, et farouches comme les barbares, ils pesaient cruellement sur le pays, volant, rançonnant, égorgeant au hasard, faisant une guerre elfroyable. Les femmes le plus haut placées avaient l’esprit aussi corrompu que leurs maris ou leurs pères, et les poésies de troubadours n’étaient que des impiétés amoureuses *.
1. Le comte Charles II de Provence bannit les Juifs de ses Etats à cause de leurs usures, de leurs scandales, « et quia cum multis mutieribus christianis se nefarie comrnis- cebant (Arch. nat., P. 1334, n° 7, f° 9).