LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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Ces aménités, qui défrayent encore la polémique de la presse juive, ne choquent môme plus les gens du monde aujourd’hui, mais il en était autrement alors.
D’autres passages étaient faits encore pour inquiéter à bon droit:
« Il est ordonné de tuer le meilleur des goy.
« La parole donnée au goy n’engage pas l 2 .
« Chaque jour, dans leurs prières, les Juifs doivent lancer trois fois des malédictions contre les ministres de l’Église, les rois et les ennemis d’Israël. «
Pour saint Louis, le goy avec lequel on devait se gêner si peu, c’étaient, après tout, ses sujets, ses barons, c’était lui-même, et le monarque était peut-être excusable de vouloir défendre tout ce qu’on attaquait si violemment.
Le saint roi cependant montra une mansuétude extraordinaire. Comme Jechiel, le rabbin de Paris, manifestait des craintes pour les siens, un des officiers du roi lui dit: « Jechiel, qui songe à faire du mal aux Juifs? » Blanche de Castille elle-même manifesta l’intention de protéger les Juifs contre toute violence.
Le Talmud seul fut condamné, et tous les exemplaires qu’on en put saisir furent jetés aux flammes.
Les Juifs ne se découragèrent pas. Ils corrompirent à prix d’argent un mauvais prêtre, comme il y en a malheureusement dans tous les temps, qui se fit leur avocat.
Les noms ont leur destinée. En 1880, c’est un Clément qui fut l’exécuteur des ordres des Juifs en allant expulser de chez eux de saints religieux,- en 1246, ce fut un Clément également, Eudes Clément, archevêque de Rouen, qui se vendit aux ennemis de Jésus-Christ. Un an après, jour pour jour, après avoir signé ce marché, il fut saisi de cruelles douleurs d’entrailles auxquelles il succomba aussitôt. « Le roi épouvanté, dit M. Noël Valois, s’enfuit avec toute sa famille, et ce châtiment jugé miraculeux, fut suivi de nouvelles poursuites. »
Dans sa paternelle bonté, saint Louis semble ne s’être décidé à des rigueurs contre les Juifs que lorsque la nécessité de garantir ses sujets contre eux le commanda absolument.
L’ordonnance de 1254 défend seulement aux Juifs de se livrer à l’usure, d’attaquer et blasphémer les croyances des Français au milieu desquels ils vivent, elle leur enjoint de se livrer à un travail honnête 8 .
1. Excerpta Talmudiea, Bibl. nat., ms. latin, 16358.
La Revue des Études juives a reconnu elle-même la justesse de ces citations.
2. Voici le texte original de l’article concernant les Juifs dans l’ordonnance de 1254: