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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FHANCEJUIVE

C'est dans ce sens encore que Napoléon essayera de résoudre la ques­tion, et quand ils auront à leurs trousses toute lEurope exaspérée, révolu­tionnée, ruinée par eux, les Juifs modernes, si fiers aujourdhui, seront bien contents de ne pas trouver en France un souverain plus sévère que saint Louis.

Saint Louis parait même ne pas en avoir voulu à rabbi Jechiel de Paris de lénergie avec laquelle il avait défendu le Talmud. Guedalia ben Jachim, dans sa Chaîne de la Tradition, raconte à ce sujet une anecdote qui ne manque pas de caractère.

Ce Jechiel, qui se mêlait de Kabbale et cultivait les sciences occultes, avait au sommet de sa maison une lampequi, disait-on, brûlait sans huile. En son logis sévèrement clos et défendu contre toute agression, il avait placé un clou enchanté quil navait quà pousser pour faire enfoncer les gens dans le sol dès quils sapprochaient de sa maison.

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Un soir on heurte à la porte. Jechiel frappe sur le clou qui, au lieu de rentrer dans le mur, saute dans la chambre. Jechiel comprend que tous ses prestiges magiques sont sans force contre le visiteur; il devine que celui qui vient le voir est un saint; il pense de suite à celui que le peuple, devançant le jugement de lÉglise, a déjà salué du nom do saint. « Le roi est. 1 » dit-il, et il se précipite vers la porte et sagenouille devant le sou­verain.

Que venez-vous faire à ma porte, demande le rabbin, ne savez-vous point quil y a un génie qui veille sur ma demeure?

Je nai point peur des démons, répond le roi, et je viens voir ta lampe dont tout Paris parle.

Nest-il pas vrai quelle a une certaine couleur, cette arrivée du roi qui, cheminant à travers le sombre Paris nocturne du Moyen Age, vient visiter ce savant au fond de sa mystérieuse retraite?

Les Juifs, en effet, depuis Philippe-Auguste, avaient prendre des précautions nouvelles; les temps allaient devenir de plus en plus mauvais

«Ceterum ordinacionem factam observari districte precipimus, quœ talis est: Judæi cessent ab usuris et blasphemiis, sortilegiis et caracteribus ; et tam Talomus (pour Talmudus; les exemplaires imprimés portent talibus qui ne veut rien dire) quam alii libri in quibus inveniuntur blasphemie comburantur; et Judæi qui hoc servare noluerint expellantur, et tran- gressores légitimé puniantur. Et vivant omnes Judæi de laboribus manuum suarum vel de negociacionibus sine terminis)vel usuris .»

On accordait aux Juifs, on le voit, la liberté du commerce, mais on leur défendait lusure. Le mot caracteribus désigne les caractères magiques, les pratiques de sorcellerie. Ce texte se trouve aux Arch. nat., J. J. 30 a, f° 199, v®.