LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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vèrent le dogme et les doctrines. Les deux Surveillants sont les anciens Procuratores placés aux extrémités des colonnes comme dans les anciens chapitres. Les Frères alignés sur les deux colonnes remplacent les Equités et les Frères ecclésiastiques, comme dans les corporations anciennes. Le serment du récipiendaire maçon est un fac-similé de celui que les chevaliers croisés, les Templiers et autres corporations faisaient à l’occasion de leurs vœux.
Il n’est point douteux davantage que les Juifs, d’accord avec le roi de Grenade et le sultan de Tunis, n’aient organisé une conspiration de lépreux pour empoisonner les fontaines et de cette façon jeter partout l’affolement, créer un de ces états de crise, une de ces périodes d’inquiétude vague et de trouble qui ont rendu possible l’immense bouleversement de 93, qui a été si profitable à Israël.
De ces faits les preuves abondent. Je sais bien, encore une fois, qu’on est convenu aujourd’hui de déclarer apocryphes tous les documents qui ne sont pas favorables aux Juifs, mais l’homme qui me lit n’est pas tenu d’obéir à ce mot d’ordre; il lui est permis de se servir de sa raison, déjuger les événements d’autrefois à la lumière des événements contemporains.
L’existence même d’un soulèvement général de lépreux est attesté par tous les auteurs du temps, par le continuateur de Guillaume de Nangis notamment. « Nous-mêmes, dit-il, dans un bourg de notre vasselage, nous avons de nos yeux vu un de ces sachets. Une lépreuse qui passait, craignant d’être prise, jeta derrière elle un chiffon lié qui fut aussitôt porté en justice, et l’on y trouva une tête de couleuvre, des pattes de crapaud et comme des cheveux de femme enduits d’une liqueur noire et puante, chose horrible à voir et à sentir. Le tout, mis dans un grand feu, ne put brûler, preuve sûre que c’était un violent poison... »
Il y eut bien des discours, bien des opinions. La plus probable, c’est que le roi des Maures de Grenade, se voyant avec douleur si souvent battu, imagina de s’en venger en machinant avec les Juifs la perte des chrétiens. Mais les Juifs, trop suspects eux-mêmes, s’adressèrent aux lépreux... Ceux- ci, le diable aidant, furent persuadés par les Juifs. Les principaux lépreux tinrent quatre conciles, pour ainsi parler, et le diable, par les Juifs, leur ht entendre que, puisque les lépreux étaient réputés personnes si abjectes et comptés pour rien, il serait bon de faire en sorte que tous les chrétiens mourussent ou devinssent lépreux. Cela leur plut à tous; chacun, de retour, le redit aux autres... Un grand nombre, leurré par de fausses promesses de royaumes, comtés et autres biens temporels, disait et croyait fermement que la chose se ferait ainsi *.
« Le siredeParthenay, lisons-nous dans Michelet, écrit au roi qu’un grand