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LA FRANCE JUIVE
rencontrera pas cette autorité royale déjà si puissante qui, de l’autre côté du Rhin, centralise la force et défend les croyances de tous. Autant que la France cependant, l’Allemagne répugne aux Juifs et en brûle quelques-uns de temps en temps.
Le Juif, rendu plus prudent par ses mésaventures, ne s’attaque plus en
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Johannes Reuchlin (p. 158).
face au catholicisme; il souffle Luther, il l’inspire, il lui suggère ses meilleurs arguments.
Le Juif, dit très justement M. Darmesteter 1 , s’entend à dévoiler les points vulnérables de l'Eglise, et il a à son service, pour les découvrir, outre l’intelligence des livres saints, la sagacité redoutable de l’opprimé. Il est le docteur de l’incrédule; tous les révoltés de l’esprit viennent à lui dans l’ombre ou à ciel ouvert. Il est à l’œuvre dans l’immense atelier de blasphème du grand empereur Frédéric et des princes de Souabe ou d’Aragon : c’est lui qui forge tout cet arsenal meurtrier de raisonnement et d’ironie qu’il léguera aux sceptiques de la Renaissance, aux libertins du grand siècie, et le sarcasme de Voltaire n’est que le dernier et retentissant écho d’un mot murmuré six siècles auparavant, dans l’ombre du ghetto, et plus tôt encore, au temps de Celse et d’Origène, au berceau même de la religion du Christ.
1. Coup d’œil sur l’histoire du peuple juif.